Tacitement, nous admettons volontiers que ce qui se trouve dans l'Espace est hors de notre atteinte. Nous sommes renforcés dans cette idée par la situation actuelle où les satellites des deux superpuissances (États-Unis et URSS) nous survolent en permanence sans aucune entrave, alors que la majeure partie est à fins militaires. Pourtant, on ne voit pas pourquoi, en temps de crise ou de conflit, l'une des parties ne chercherait pas à priver l'autre de ses moyens spatiaux. C'est une forme moderne de la lutte du boulet et de la cuirasse. Dans l'histoire de l'humanité, il n'y a pas d'exemple qu'un nouveau matériel n'ait pas provoqué l'existence d'un outil de sa destruction. Tous les accords qui seront faits pour le respect mutuel des satellites, quelle que soit leur utilisation, n'auront de valeur que dans le beau temps de paix, et chacune des superpuissances garde par devers elle les instruments de leur disparition. Un nouveau domaine de la course aux armements est ouvert.
La course aux armements dans l'Espace
En 1963, un missile américain Thor lancé de l’île Johnston dans le Pacifique, interceptait un étage de fusée, également américain, Agena-D, préalablement mis en orbite. C’était le début de la course aux armements dans l’espace.
Pourtant l’essai n’avait pas pour objectif de détruire un satellite, mais bien ce quasi-satellite qu’aurait été la bombe orbitale de 100 mégatonnes dont les dirigeants soviétiques menaçaient alors les États-Unis. Il ne s’agissait là que de la poursuite de la lutte de l’épée et de la cuirasse dans le domaine des missiles balistiques dont la portée dépassait la moitié du tour de la terre.
En réalité, même si cette menace n’avait pas été faite, l’image de l’espace sanctuaire protégé de la guerre, que certains se faisaient au début de l’ère spatiale, ne pouvait que s’estomper peu à peu. Dans les deux dernières décennies le progrès technique dans le domaine spatial a été étonnant et, par voie de conséquence, les fonctions conçues pour le combat, telles que l’alerte avancée, la désignation d’objectifs, les moyens de navigation, le guidage des armes et la reconnaissance des forces terrestres, maritimes et aériennes, se sont déplacées vers l’espace. Sur les quelque 1 500 satellites lancés à ce jour, environ les trois quarts l’ont été à des fins militaires et, de fait, les satellites sont maintenant une partie importante, et peut être parfois vitale, des systèmes de défense.
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