Février 1980 - n° 396

Les deux superpuissances ont-elles, de l'emploi de leurs arsenaux nucléaires, des conceptions suffisamment voisines pour donner lieu à des accords de limitation des armements ? C'est là un problème majeur qui prend une acuité particulière au moment où l'on se demande si les accords SALT II seront ratifiés. L'auteur cherche à comparer les deux doctrines stratégiques, ou tout au moins ce que l'on peut en savoir en France à travers les documents américains. Il en conclut que, des deux côtés, on ne peut changer la nature profonde de l'arme nucléaire. Elle reste potentiellement une arme de destruction massive, et la dissuasion garde toute sa force. Lire les premières lignes

  p. 5-20

Tacitement, nous admettons volontiers que ce qui se trouve dans l'Espace est hors de notre atteinte. Nous sommes renforcés dans cette idée par la situation actuelle où les satellites des deux superpuissances (États-Unis et URSS) nous survolent en permanence sans aucune entrave, alors que la majeure partie est à fins militaires. Pourtant, on ne voit pas pourquoi, en temps de crise ou de conflit, l'une des parties ne chercherait pas à priver l'autre de ses moyens spatiaux. C'est une forme moderne de la lutte du boulet et de la cuirasse. Dans l'histoire de l'humanité, il n'y a pas d'exemple qu'un nouveau matériel n'ait pas provoqué l'existence d'un outil de sa destruction. Tous les accords qui seront faits pour le respect mutuel des satellites, quelle que soit leur utilisation, n'auront de valeur que dans le beau temps de paix, et chacune des superpuissances garde par devers elle les instruments de leur disparition. Un nouveau domaine de la course aux armements est ouvert. Lire les premières lignes

  p. 21-34

Dans le numéro de janvier, les auteurs de cette étude (membres du Cepode, centre dirigé par Pierre Datezies) ont souligné quelques traits dominants des discours officiels sur la défense qui sont tenus aujourd'hui en République fédérale d'Allemagne. Dans cette seconde partie, ils cherchent à cerner les principaux débats politiques qui les sous-tendent. Le dernier congrès du SPD tenu à Berlin en décembre 1979 a fait une large place au débat sur les forces nucléaires de l'Otan. La proche campagne électorale risque de ranimer les oppositions entre les deux grandes coalitions du pays sur les thèmes de la sécurité. On peut cependant se demander si les affrontements verbaux, même violents, garantissent toujours l'existence d'un réel débat et de lignes de partages claires. Lire la suite

  p. 35-47

Dans un premier article, l'auteur a évoqué le contexte historique et géopolitique dans lequel s'est constituée l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est, plus connue sous le nom d'ASEAN. Dans cette seconde partie, il aborde les conditions dans lesquelles cette organisation régionale s'est structurée et la manière dont elle s'est imposée sur la scène internationale grâce à sa cohésion interne. Lire les premières lignes

  p. 49-67

Cette étude est l'œuvre d'un Vietnamien, qui, diplômé de l'Institut d’études politiques (IEP) de Paris, a la double culture française et vietnamienne, et défend depuis 1965 la thèse d'une troisième voie pour son pays. Son opinion nous a paru intéressante dans l'optique du non-alignement et de la récente confrontation Fidel Castro-Tito. Il est également l'auteur d'un article sur Tito paru dans la revue Relations internationales et prépare un livre sur ce sujet. Lire la suite

  p. 69-84

Cet immense continent africain, qui est à notre porte, est-il promis à de nombreux et importants bouleversements ? L'analyse qu'en fait l'auteur peut nous le faire craindre. Elle fait apparaître des contradictions à l'intérieur de chaque Nation, en raison des crises que traversent les sociétés africaines parce qu'elles ont du mal à s'ajuster à la logique d'un État moderne. D'autres contradictions existent entre États africains dont les frontières sont le plus souvent artificielles, les interventions étrangères donnant une dimension externe à nombre de situations internes. La réflexion à laquelle l'auteur de cet article nous invite, nous touche de très près. Son point de vue mérite la plus grande attention.

  p. 85-98

Dans le contentieux qui existe entre les Grecs et les Turcs l'opinion ne voit trop souvent que le problème chypriote. C'est oublier qu'entre les deux peuples il y a d'autres sources d'opposition qui prennent leur origine très loin dans l'histoire. Comme nous l'explique l'auteur, le problème de la mer Égée n'est pas tellement d'ordre juridique mais d'ordre politique, et ce qu'il ne dit pas, d'ordre économique, en raison des ressources que l'on peut trouver dans cette mer, en particulier du pétrole. Ce qu'il nous expose de la position grecque permet cependant de comprendre les demandes faites par le gouvernement hellène pour sa réadmission dans l'Otan (voir chronique « Défense dans le monde » de novembre 1979) en ce qui concerne le contrôle maritime et aérien sur cette zone, ainsi que les réticences turques correspondantes. Ce problème a donc un impact direct sur l'organisation du commandement militaire en Méditerranée occidentale et sur la solidité du flanc sud de l'Alliance. Lire la suite

  p. 99-110

La valeur des armées ne repose pas seulement sur la qualité des armes et des matériels ou la valeur des personnels. Il faut satisfaire aux besoins des unités en tirant le meilleur parti des crédits budgétaires limités que la Nation entend utiliser pour sa défense et sa sécurité. Pour cela l'ensemble qui constitue l'armature administrative doit permettre de bien connaître le coût de chaque action pour répartir au mieux les ressources. La « mission de modernisation de l'administration des armées », dont les chefs successifs ont été le contrôleur général des armées Louf et depuis 1977 le contrôleur général des armées Blandin, a eu pour objet de redéfinir cette armature. Ce dernier, aidé du contrôleur des armées Ravier, nous expose les résultats déjà acquis et ses espoirs pour mettre en place un système de prévision et de gestion qui soit plus satisfaisant que le système actuel. Lire la suite

  p. 111-128
  p. 129-134

Chroniques

La fin d’une décennie offre toujours le prétexte à une rétrospective. Au cours des 10 dernières années, la carte du monde s’est modifiée. Depuis qu’en février 1972 Nixon et Mao se sont rencontrés à Pékin, la Chine a fait son entrée sur la scène du monde, malgré l’URSS : c’est sans doute l’événement international qui aura les plus grandes conséquences pour les 10 années qui viennent. Dès maintenant, les accords de la Chine avec les États-Unis et le Japon ont modifié le jeu international. Lire les premières lignes

  p. 135-139

La presse américaine a largement commenté le discours du président Carter du 12 décembre dernier, prononcé à l’occasion d’une rencontre avec une importante association d’hommes d’affaires, le Business CouncilLire les premières lignes

  p. 140-145

L’année 1979 s’est achevée sur la décision du conseil de l’Otan de moderniser les forces nucléaires déployées en Europe occidentale. La question était d’importance et elle a donné lieu à un vaste débat qui a largement débordé le cercle des experts. Les arguments les plus divers ont été avancés à cette occasion et le ton fut souvent assez passionné pour autoriser Le Quotidien de Paris (12 décembre) à parler de « la grande bataille des euromissiles ». Lire les premières lignes

  p. 146-149

La France ne peut vivre repliée sur l’Hexagone. Elle a des intérêts et une politique à l’échelle mondiale, elle est économiquement interdépendante d’autres continents, elle a des territoires et des départements d’outre-mer à défendre. Elle doit donc être capable, le cas échéant, d’agir militairement hors de ses frontières. C’est pourquoi ses forces armées ont parmi leurs missions : Lire la suite

  p. 150-152

L’Armée de terre s’équipe d’une nouvelle motocyclette très légère. Il s’agit de la moto SX8R, directement dérivée du modèle commercial civil SX8 de la marque Peugeot, qui a bénéficié, à la suite d’une expérience menée en 1977 et en 1978, des améliorations rendues nécessaires pour une application militaire. Lire les premières lignes

  p. 153-157

Au début de l’année 1979, les premiers avions A-10 ont traversé l’Atlantique à destination de la base britannique de Bentwaters, où est stationnée la 81e Escadre de chasseurs tactiques de l’US Air Force en Europe. Cet événement revêt une importance particulière car il marque la volonté de l’Otan de renforcer son potentiel aérien spécialisé dans l’appui-feu, notamment par l’implantation sur cette base de trois escadrons équipés de ce type d’appareil conçu tout spécialement pour opérer dans un environnement très hostile en mission d’attaque au sol et dont l’USAF a prévu d’acquérir plus de 700 exemplaires. Lire les premières lignes

  p. 158-161

Notre 5e SNLE, Le Tonnant, a quitté dans la nuit du 18 au 19 décembre l’arsenal de Cherbourg pour rallier à Brest la base de l’Île Longue. Il y poursuivra ses essais avant d’entreprendre la traversée de longue durée qui précède toujours l’admission au service actif des bâtiments neufs. Il sera alors prêt à entreprendre sa première croisière opérationnelle. Le Tonnant, mis sur cale en 1973, avait été lancé le 17 septembre 1977. Du type Le Redoutable, il bénéficie des améliorations qui ont été apportées à cette classe de SNLE depuis la mise en service de ce bâtiment en décembre 1971. Ses principales caractéristiques sont les suivantes : Lire les premières lignes

  p. 162-166

Il y a un an, fin janvier 1979, prenait fin en Algérie le quatrième congrès du FLN (Front libération national) avec l’élection du colonel Chadli Bendjedid au poste de secrétaire général. Une semaine plus tard, le 7 février, le suffrage universel en faisait le troisième président du pays. Ainsi s’achevait une longue période d’incertitude, ouverte à l’automne précédent avec la maladie du colonel Boumédiène et sa disparition le 27 décembre. Pouvait-on pour autant préjuger la politique qu’allait suivre le nouveau chef de l’État ? Les pronostics auxquels avait donné lieu la succession du colonel Boumédiène avaient été déjoués : ceux-là mêmes qui les énoncèrent en vinrent à prévoir une présidence de transition avec l’espoir d’une libéralisation rapide du régime. Il est vrai qu’après bien des années d’efforts l’Algérie disposait d’une Charte nationale, d’une constitution, mais que dans le secteur économique l’industrialisation massive s’était faite au détriment de l’agriculture et de services sociaux aussi impératifs que l’habitation ou l’approvisionnement en eau des grandes villes. À cela venait s’ajouter une bureaucratie tatillonne, soucieuse de ne pas aborder les questions brûlantes et cernant de moins en moins les réalités du pays. Un tel constat amenait certains à prévoir ou à prôner une remise en cause des grandes options du régime. L’Algérie était arrivée à un tournant, les circonstances politiques semblaient favoriser un virage et nombreux furent ceux qui attendaient un changement fondamental. L’attitude adoptée par le président Chadli Bendjedid fut moins tranchée et l’évolution qu’il amorça fut beaucoup plus subtile. Lire les premières lignes

  p. 167-173

C’est dans un cadre nouveau et avec un personnel presque, entièrement renouvelé lui aussi que s’est déroulé le 9e Festival international du film militaire. Abandonné par la ville de Versailles qui l’avait accueilli 8e fois, le festival, organisé cette fois par le ministre de la Défense, a eu lieu pour la première fois à Paris, au Palais des Congrès de la Porte Maillot. Changement de cadre, changement d’ambiance, changement enfin de style. Lire la suite

  p. 177-178

* Un engagement nucléaire causerait la mort, directe ou indirecte, de 50 à 200 millions de personnes : une réduction foudroyante des ressources alimentaires par suite des radiations ; des mutations génétiques imprévisibles pour les hommes, la faune et la flore… Les dirigeants du monde doivent multiplier les efforts pour établir la paix par des négociations bilatérales ou multilatérales mais qui exigent, pour être efficaces, un retour à la confiance réciproque. Lire la suite

  p. 177-178

Bibliographie

Leslie H. Gelb et Richard K. Bettes : The Irony of Vietnam: the System Worked  ; Brookings Institution, 1979 ; 387 pages - Armand Boussarie

La Brookings Institution est une des plus importantes de ces entreprises américaines qui se consacrent, d’une manière indépendante et souvent non partisane, à l’étude des problèmes politiques, économiques et de défense, en vue de l’information du public. Lire la suite

  p. 179-180

Général Chambe : Adieu cavalerie  ; Éditions Plon, 1979 ; 282 pages - André Nolde

Le Général Chambe est bien connu dans les milieux militaires. Dans ses nombreux livres, inspirés pour la plupart par le souvenir des deux guerres mondiales (l’auteur était sous-lieutenant d’active de cavalerie en 1914 et colonel d’aviation en 1939), l’on a pu apprécier la vivacité d’un style direct et imagé, la précision des descriptions, mais aussi la tournure quelque peu polémique d’une pensée à laquelle on ne saurait cependant reprocher ni de manquer de sincérité, ni d’abuser de la bonne foi du lecteur. Lire la suite

  p. 180-181

Henri Arvon / Walter Laqueur / Robert Sole / Jean Servier : L’anarchisme au XXe siècle / Le terrorisme / Le défi terroriste. Leçons italiennes à l’usage de l’Europe / Le terrorisme  ; Puf, 1979 ; 235 pages / Puf, 1979 ; 290 pages / Éditions du Seuil, 1979 ; 280 pages / Puf, 1979 ; 128 pages - Claude Delmas

« Le détournement d’un avion, l’enlèvement d’otages sont devenus en cette seconde moitié du XXe siècle des faits divers, au même titre que l’agression de vieillards, les meurtres d’enfants, les viols ou les attaques d’individus isolés en pleine rue ». Il s’agit « de faits caractéristiques d’un même climat de violence, et l’opinion publique les distingue mal des crimes de droit commun, comme s’y perdent aussi les législateurs de toute appartenance qui ont tenté, tentent de définir le terrorisme ». Ce sont les premières lignes du livre que M. Jean Servier, professeur à l’Université de Montpellier, vient de consacrer au terrorisme. Lire la suite

  p. 181-184

Revue Défense Nationale - Février 1980 - n° 396

Revue Défense Nationale - Février 1980 - n° 396

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Février 1980 - n° 396

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