La nouvelle Europe
L’édition anglaise de ce livre date déjà de la fin de 1942 ; l’édition américaine est postérieure à l’entrée en guerre des États-Unis. Mais l’ouvrage contient de nombreuses idées encore fort intéressantes aujourd’hui. Historien, journaliste, conférencier, romancier, M. Bernard Newman, qui s’était engagé à dix-sept ans dans l’armée britannique, lors de la Première Guerre mondiale, a, depuis, passé pendant quinze ans, chaque été, à visiter tous les pays du continent où il voyait naître des difficultés à résoudre aujourd’hui. Il voyagea le plus souvent à bicyclette, logea sous d’humbles toits, s’entretenant avec le menu peuple, mais il put obtenir aussi des interviews des hommes d’État les plus notoires : un de Hitler en 1933 ; il eut l’honneur d’être expulsé en 1935 par Mussolini.
Il a essayé de grouper dans son livre toutes les données possibles sur l’histoire, les origines ethniques, les conditions géographiques et économiques des territoires contestés. C’est en effet à ceux-là seuls qu’il s’intéresse : à ceux qui ont quelque chose à réclamer à leur voisin ou qui se voient réclamer par lui, quelque chose. Aussi, voyons-nous défiler dans son livre, tous les problèmes relatifs à la Pologne, aux États Baltes, à la Roumanie, aux Balkans, aux Juifs, etc.
Il y a là, en treize chapitres distincts, une masse énorme de faits, de chiffres, d’anecdotes significatives, d’observations prises sur le vif et de suggestions fécondes. Il est impossible de résumer un tel ouvrage, mais M. Newman prend bien soin de prévenir les combattants, et, avant tout, ses compatriotes, que, quelle que soit la solution adoptée, les vainqueurs ne devront pas oublier que, s’ils veulent maintenir effectivement la paix, leur action sera appelée à poursuivre un très long temps et que la carte, qu’ils auront refaite, aura peu de chances de durée s’ils ont, cette fois encore, trop hâte de démobiliser, de retourner à leurs matches de football, à leurs courses de chevaux, à leurs soucis de bénéfices ou à leurs demandes d’augmentation de salaires.