Napoléon et l’Italie
M. André Fugier, qui s’est spécialisé dans l’histoire napoléonienne et particulièrement dans ses ramifications méridionales, espagnoles et italiennes, vient de nous donner un livre du plus haut intérêt sur Napoléon et l’Italie. Le général, le Consul, l’Empereur se sont toujours senti comme chez eux, dans la péninsule, auquel les attachaient tant de liens spirituels (bien qu’il n’ait jamais mis les pieds à Rome). L’Italie a été le théâtre de ses plus beaux succès militaires, et c’est là que M. Fugier, en quelques pages définitives, voit réaliser le chef-d’œuvre de sa stratégie et de son art militaire.
Tous les problèmes qui se posaient à l’attention de l’Empereur ont été étudiés avec autant de profondeur que d’élégance. L’intérêt, nous dirions presque l’amour instinctif que Napoléon porte à l’Italie, ne l’a pas empêché, cependant, de dépasser ce cadre méditerranéen trop étroit. Par sa pensée et son ambition, l’action impériale s’est, en tout cas, fait sentir d’une manière décisive pour l’histoire de nos voisins. Sans elle, on ne comprendrait pas le mouvement puissant, qui, au cours du XIXe siècle, emporta l’Italie vers l’unité. Il serait, du reste, exagéré de voir dans la politique italienne de Napoléon l’application d’un système immuable. Il a varié à son égard ; il y a plutôt des balancements qu’un système unitaire. Mais c’est en Italie que Napoléon s’est révélé le mieux conducteur de peuples.
Dans le domaine de l’organisation politique, sociale et économique, un chapitre particulièrement instructif est celui consacré par l’auteur à la politique routière de Napoléon, pour l’établissement de la grande diagonale italienne vers l’Adriatique moyenne, à ses yeux, instrument indispensable de résistance économique contre le blocus maritime de l’Angleterre.