Le désarmement de l’Allemagne et du Japon
Ce livre, œuvre de deux savants de haute valeur, a été publié à New-York en 1944 et eut de suite un retentissement considérable. La traduction française qui en a été faite ne manquera pas d’attirer l’attention, surtout au moment où se pose plus que jamais la question du désarmement de l’Allemagne. Harold G. Moulton et Louis Marlio veulent que l’on profite des expériences du passé et que l’on évite certaines erreurs de la Société des Nations.
Ils ont examiné les plans de désarmement industriel et économique de l’Allemagne présentés jusqu’à ce jour ; ils ne les trouvent ni adéquats ni pratiques et ils donnent les raisons de leur opinion. Il ne faut pas, suivant eux, fragmenter l’Allemagne, ni détruire son économie ; ce serait la mener à la ruine, entretenir son désir de revanche. D’autre part, surveiller chez elle l’importation des minerais utiles à la guerre serait compliqué et inopérant. Ce qui est nécessaire, c’est le contrôle de certaines industries-clefs, soutenu par des mesures militaires qui, seules, peuvent donner une sécurité complète. Ce qui doit être surveillé avant tout, c’est la production de l’aluminium en lingots et l’emploi de la force électrique. Ce contrôle est possible et indispensable. L’aviation commerciale doit être interdite autant que l’aviation militaire. Il pourrait y avoir des transports de l’air en Allemagne, mais à condition que ni les avions ni les pilotes ne soient allemands ; et toute aviation privée serait prohibée.
Le problème n’est pas le même au Japon, étant donné sa situation insulaire. Sans les fournitures en provenance de ses colonies, le Japon ne sera plus une puissance militaire redoutable. Au point de vue économique et vital, ces colonies ne lui sont pas indispensables ; elles n’ont pas fourni de débouchés essentiels à l’émigration japonaise ; elles ne sont pas devenues des sources de revenus pour la trésorerie de la métropole ; le Japon sans colonies peut vivre et prospérer. Un contrôle sur les matières premières qu’il importerait (coton, laine, nickel, caoutchouc, bauxite, alunite, etc.) serait plus facile et plus efficace que pour l’Allemagne, mais pourtant encore insuffisant. Ce qui s’impose, ici encore, c’est le contrôle des industries-clefs, surtout en ce qui concerne l’emploi de l’aluminium, du magnésium, la production de pétrole synthétique, la fabrication d’avions, l’exploitation des transports commerciaux. Toute fabrication d’avions devrait être interdite au Japon comme en Allemagne. Une force militaire qui n’a pas besoin d’être considérable, mais qui doit toujours être préventive, prête à intervenir, peut seule assurer un contrôle efficace et une protection complète. Il faut, pour cela, qu’un Comité interallié dispose surtout d’une force d’aviation importante, toujours prête à une répression rapide. Tel est, brièvement, le contenu de ce petit livre très dense et très plein d’enseignements.