Les frontières de la France
M. Roger Dion, professeur à la Sorbonne. auteur d’ouvrages importants sur la géographie humaine et notamment sur la vie rurale française, donne, en un livre élégant et d’ailleurs trop bref, d’intéressants aperçus sur les frontières françaises au cours de l’évolution historique du pays.
Il examine particulièrement, dans ses chapitres consacrés aux origines, le problème des frontières ethniques et linguistiques de la France, la question du Rhin et celle de la Forêt charbonnière. Grâce à lui, nous comprenons pourquoi le projet, étudié dès 842-843 dans les discussions préparatoires au partage de l’Empire entre les trois héritiers de Charlemagne, qui tendait à étirer une parcelle d’Empire dans le sens nord-sud, par conséquent, à lui fournir toute la variété des ressources agricoles de l’Europe occidentale n’a pu aboutir, puisqu’il obligeait à donner à l’État nouvellement créé une trop longue façade continentale, très difficilement défendable. La politique extérieure de la monarchie se concentra, au contraire, en un effort continu pour élargir les formes trop efflanquées imposées par le Traité de Verdun à ce qui devait devenir la France.
L’auteur discute aussi la fameuse question des frontières naturelles ; les frontières créées par des découpages arbitraires à la suite de guerre peuvent, quand elles durent, créer de grands faits géographiques : frayer, par exemple, de nouvelles voies de circulation, faire naître des villes et des centres industriels. De même, certaines frontières linéaires, si elles ne sont pas étayées par des obstacles de relief, séparent pourtant les peuples, grâce à des idéologies rivales, bien mieux que ne pourrait le faire des frontières naturelles d’apparence beaucoup plus infranchissables. On voit l’intérêt actuel de pareilles considérations, fondées sur une étude approfondie de faits historiques et géographiques.