Bilan de l’économie française. 1919-1946
Le bilan de l’économie française est un livre extrêmement utile par sa partie purement descriptive, où l’étude des faits économiques, dans tous les domaines (activité économique, finances intérieures et extérieures, monnaie…), est présentée avec une objectivité toute scientifique.
Il n’en est malheureusement pas de même dans la partie centrale de l’ouvrage, où l’auteur cherche à dégager les « causes de la régression de l’économie française ». Là, M. Bettelheim, comme on a pu déjà le constater dans son livre sur « L’économie allemande sous le nazisme », abandonne la rigueur scientifique au profit d’une idéologie politique. De même que le régime nazi, de gré ou de force, avait dû entrer dans le cadre du capitalisme, de même, les responsables de la décadence de l’économie française sont les agents du capitalisme : les formations monopolitiques à politique malthusienne, les grandes banques qui ont participé de moins en moins au financement du commerce et de l’industrie… Même le manque de matières premières, qui handicape si lourdement l’économie française, est imputé à « un certain conservatisme combiné avec la domination des monopoles ».
Toutefois, M. Bettelheim reconnaît aussi le rôle néfaste d’une charge fiscale exagérée et d’un endettement public croissant. Dans ces conditions, on s’explique mal que le remède proposé en définitive soit constitué par les nationalisations qui, jusqu’ici, n’ont pas été source de gros profits pour le Trésor. Il est vrai que M. Bettelheim veut des nationalisations sans indemnisations, car celles-ci aboutissent « à renforcer les positions du capital financier et à alourdir les finances publiques ». De son étude sur la Russie soviétique, M. Bettelheim a gardé la nostalgie des « trusts d’État ».