Fédéralisme économique
Sous ce titre, Roger Alheinc, qui fut un des disciples les plus intelligents d’Henri de Jouvenel et un des membres les plus brillants de son équipe, quand celui-ci dirigeait la Revue des Vivants, vient de publier un livre qui pourrait, à beaucoup, paraître utopique, mais qui est infiniment riche d’aperçus généraux et, espérons-le, réalisables.
À la veille de la déclaration de guerre, il était sur le point de publier un ouvrage technique qui avait pour titre La Banque au service des échanges. Essai de révision de nos systèmes monétaires. Cette publication fut ajournée par les hostilités, mais ce projet a été repris par l’auteur. Cependant, étant donné le caractère nécessairement très technique et l’intérêt limité que suscitera une pareille œuvre, Roger Alheinc a cru préférable d’alléger son livre de toutes discussions doctrinales et de précisions trop techniques, pour ne nous donner ici, à l’usage d’un public assez vaste, que sa conception du « fédéralisme économique ». C’est comme la préface et le commentaire politique de la Banque au service des échanges.
La vérité essentielle qui ressort de la lecture de cet essai si suggestif, c’est la nécessité pour la démocratie libérale d’adhérer à une véritable charte économique de nature à assurer la souveraineté sur les hommes, les institutions et les choses, mais dans le respect de leurs libertés ; ensuite, de donner à cette charte un caractère véritablement international ; enfin, d’étudier les applications possibles du fédéralisme économique dans le domaine bancaire, monétaire, financier, fiscal, social et territorial, de manière à adapter les techniques financières, en particulier, au rythme de la vie des grandes cités industrielles.
On voit, par ce simple énoncé, les ambitions très hautes de l’auteur et l’intérêt immédiat en même temps que la portée lointaine de son livre.