La Crise de notre temps
Il a été rendu compte, dans la Revue de Défense Nationale (mars 1947) de l’ouvrage de Wilhem Röpke paru récemment à la Librairie Médicis qui présentait comme la synthèse de ses recherches relatives à la réforme économique et sociale. Il convient de mentionner particulièrement, parmi ses travaux antérieurs, l’étude approfondie, sur La crise de notre temps, dont Hugues Faesi et Charles Richard présentent une adaptation française.
Wilhem Röpke voit la source de la crise dans le développement gigantesque pris par le machinisme depuis bientôt un siècle, menant soit au capitalisme, soit au collectivisme. Il s’oppose à la fois au libéralisme historique et au dirigisme autoritaire ; ce qu’il enseigne, c’est un libéralisme constructif, un humanisme économique ; ce qu’il nous engage à suivre, c’est un « tiers chemin » : pas de grégarisme, de machinisme et de prolétariat, pas de féodalité capitaliste, mais décentralisation, répartition de la petite propriété, concurrence mesurée dans l’industrie et le commerce, conservation et stabilisation de la paysannerie dans sa structure sociale et spirituelle. L’État seul aura des monopoles ; il peut, il doit même nationaliser la plupart des services publics (chemins de fer, poste, gaz, électricité, etc.), mais toute intervention de l’activité de l’État qui n’est pas indispensable est un mal. Entre les États devra exister une véritable communauté mondiale, avec une structure véritablement fédéraliste. « Une pareille formation ne sera pas réalisée sans la direction supérieure d’un groupe de puissances dominantes, mais dans le sens de la liberté et de l’égalité des droits. » « Ce n’est pas la force extérieure qui en décide, mais la maturité spirituelle et morale. » Ce sont là de sages avis. Puissent les grandes et petites nations s’en inspirer dans le consortium mondial.