Approaches to World Peace [Vers la Paix universelle]
En septembre 1944, la Conférence Science-Philosophie-Religion, qui groupe les principaux représentants de la pensée américaine, se réunissait pour la quatrième fois de la guerre. Le sujet de ses discussions, tenues à l’Université Columbia, de New-York, était la façon d’aborder le problème d’une paix durable. Le compte rendu qui en a été public ne présente, bien entendu, aucune unité de doctrine ; il n’a aucun caractère officiel. On nous informe ; pourtant, que les autorités fédérales s’y intéressent fort, désireuses qu’elles sont de rassembler tous les faits, toutes les idées d’ordre technique pour établir des plans à longue portée. Impossible d’analyser un à un tous les travaux qui ont été ainsi discutés.
La partie la plus suggestive de ce vaste ouvrage est peut-être celle qui envisage les moyens d’organiser le monde pour la paix. La Société des Nations a beau faire l’objet de maintes critiques, c’est bien dans la même direction, compte tenu des leçons de l’expérience qu’elle a faite, que s’oriente la recherche de l’ordre mondial plus solide, faute duquel la victoire militaire n’aurait été qu’une défaite. Peut-être, débutera-t-on par une sorte de dictature des trois grandes puissances qui ont le plus contribué à la victoire. Peut-être procédera-t-on à certains rapprochements locaux, à des ententes régionales, suivies d’ententes continentales, qui précéderont et prépareront l’organisme mondial unique. Mais c’est ce dernier qui doit demeurer l’objectif final constant. Il ne se réalisera, de toute évidence, qu’au prix du sacrifice par chacun des états particuliers d’une part, de sa souveraineté, part analogue à celle que toute collectivité réclame de l’individu pour échapper à l’anarchie. La constitution des États-Unis peut, ici, servir de modèle : les États dont ils se composent n’aliènent pas toute autorité, du fait qu’ils font partie de l’Union.
À l’organisme suprême appartiendra le droit de régler les rapports entre nations sans recourir à la guerre. Il disposera d’une police internationale, d’une Cour de Justice, chargée de dire et d’appliquer le droit. Il pourvoira, en outre, à l’équitable participation de tous (ennemis compris, une fois terminée l’indispensable période de probation) aux matières premières et aux débouchés requis pour leur vie économique. Il aura à se saisir des questions d’immigration, comme des questions de frontières. Il apportera à toutes les dispositions prises les révisions et les modifications, qui se révéleraient utiles au cours du temps. Il sera pourvu de tous les organes annexes utiles, tel le Bureau international du Travail, ces différents organes pouvant avoir leur siège dans des villes différentes. Mais tout ceci exigera le concours actif de tous. Chacun devra prendre ses responsabilités et sa juste part de l’œuvre commune. Dans les conditions actuelles du monde, où il n’y a plus de distances, et où se fait sentir, partout, le contrecoup de tout incident survenu sur un point quelconque, il ne saurait plus exister de politique d’isolement.