Mars 1947 - n° 034

Le conflit qui vient d’ensanglanter le monde a revêtu le caractère d’une guerre totale. Dans tous les pays belligérants, chacun participa à l’effort national. Et ce n’est pas seulement aux combattants qu’on fit appel. C’est une mobilisation générale qui fut décrétée, car le problème de la main-d’œuvre présenta, dès l’origine de la guerre, un caractère plus aigu peut-être que celui des effectifs militaires. L’expérience ne révélait-elle pas, dès la fin de 1939, qu’il faut sept ouvriers pour nourrir, équiper et transporter un soldat ? Et lorsque les troupes américaines débarquèrent en Irlande du Nord, n’apprit-on pas que chaque combattant entraînait avec lui 5 tonnes de matériel ? Lire les premières lignes

  p. 287-301

En 1942, les Allemands ayant refoulé l’armée rouge sur une profondeur de 2.000 kilomètres, — privilège des Russes que de pouvoir faire d’aussi longues retraites, — Moscou se plaignait de l’absence d’un deuxième front. À propos de cette polémique entre alliés, le journaliste américain Cassidy raconte dans un livre émouvant et malicieux qu’un officier britannique finit un jour par répondre, agacé : « Où donc était le premier front lorsque le second existait ? » C’est là le drame de la guerre qui pour nous est celle de 1939-1945 et pour d’autres, — dont certains Français, hélas ! — celle de 1941-1945, sans parler de nos résignés qui voulaient en faire lamentablement une guerre de 1939-1940. Et c’est à notre pauvre front d’il y a bientôt sept ans qu’il faut revenir si l’on veut comprendre quelque chose à ce diptyque : occupation, libération, qui pour trop de nos compatriotes est surtout une affaire de politique intérieure ou de personnes. Lire les premières lignes

  p. 302-317
  p. 318-334
  p. 335-340
  p. 341-350
  p. 351-380

Chroniques

  p. 381-386
  p. 387-391
  p. 392-397
  p. 397-401

Quelques jours avant de quitter le pouvoir [NDLR 2023 : le 22 janvier 1947], M. Léon Blum, se rendant à l’invitation du Premier ministre de Grande-Bretagne, est allé à Londres. Les entretiens, poursuivis les 14 et 15 janvier 1947 entre MM. Attlee et Bevin [NDLR 2023 : secrétaire d’État aux Affaires étrangères] et l’homme d’État français, qui, à l’origine, devaient porter uniquement sur les moyens d’intensifier les échanges et d’améliorer les relations économiques entre les deux pays, ont dépassé de beaucoup les limites du cadre prévu. C’est ce qu’a laissé entendre d’abord un communiqué publié à Londres, et ce qu’a bientôt confirmé une déclaration de M. Attlee à la Chambre des Communes (23 janvier 1947). « Les discussions ont porté sur de nombreux sujets – a expliqué le Premier ministre – et un accord est intervenu sur de nombreuses questions d’un grand intérêt politique et économique. Il a été convenu en particulier qu’un traité d’alliance serait conclu entre nos deux pays. » Lire les premières lignes

  p. 402-407

Le redressement économique de la France reste toujours conditionné par l’accroissement de la production et la stabilisation des prix. Sur le second point, le Gouvernement a entrepris une action que l’on souhaite efficace. Sur le premier, l’amélioration constatée en 1946 ne semble pas pouvoir se manifester à nouveau avant le deuxième trimestre 1947. Lire les premières lignes

  p. 407-412

Bibliographie

Beverley Nichols : Les Indes secrètes  ; Éditions Tallandier, 1947 ; 314 pages - Edmond Delage

Nous avons déjà plusieurs fois signalé l’intérêt de certains grands reportages anglo-saxons pour la politique générale et la connaissance du monde de la période d’avant la guerre, de la guerre et de l’après-guerre. Celui de Beverley Nichols sur Les Indes secrètes, paru dans une bonne traduction de René Jourdain, est de cette classe. L’auteur est resté pendant plus d’une année dans l’Inde ; il y a vécu à peu près seul, à l’abri de la propagande et de l’appui officiel ; il a cherché à connaître véritablement l’esprit indien, non seulement en matière de politique, mais en tout ce qui concerne l’art, la littérature, la musique, la médecine, le journalisme, le cinéma et, naturellement, la religion – sans la connaissance profonde de laquelle il n’est pas possible de rien comprendre de l’âme indienne. Lire la suite

  p. 413-414

Collectif : Approaches to World Peace [Vers la Paix universelle]  ; Éditions Harper Brothers, 1944 ; 973 pages - A. L.

En septembre 1944, la Conférence Science-Philosophie-Religion, qui groupe les principaux représentants de la pensée américaine, se réunissait pour la quatrième fois de la guerre. Le sujet de ses discussions, tenues à l’Université Columbia, de New-York, était la façon d’aborder le problème d’une paix durable. Le compte rendu qui en a été public ne présente, bien entendu, aucune unité de doctrine ; il n’a aucun caractère officiel. On nous informe ; pourtant, que les autorités fédérales s’y intéressent fort, désireuses qu’elles sont de rassembler tous les faits, toutes les idées d’ordre technique pour établir des plans à longue portée. Impossible d’analyser un à un tous les travaux qui ont été ainsi discutés. Lire la suite

  p. 414-415

Louis Madelin : L’Empire de Napoléon  ; Librairie Hachette, 1946 ; 421 pages - Edmond Delage

M. Louis Madelin continue la série de ses livres consacrés à Napoléon, et c’est le dixième que la librairie Hachette vient de publier. Il s’agit donc d’une œuvre qui, par ses dimensions, semble devoir être monumentale et prendre rang à côté des œuvres capitales auxquelles a donné naissance la vie de Bonaparte et de l’Empereur. Lire la suite

  p. 415-415

Wilhelm Röpke : Civitas Humana  ; Librairie de Médicis, 1946 ; 381 pages - Edmond Delage

Wilhelm Röpke, professeur à l’Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, après avoir été, avant l’avènement du Nazisme, professeur d’Université en Allemagne, offre au public français, dans une traduction de Paul Bastier, un livre important qui est comme la synthèse de ses études antérieures relatives à la réforme économique et sociale. L’auteur ne veut pas, en effet, rester un pur économiste. Si la moitié environ de la Civitas Humana est consacrée aux questions relatives à la vie économique et sociale, l’autre dépasse ces problèmes et présente d’intéressantes suggestions sur l’organisation de la vie intellectuelle, la vie politique, la vie de la société même. Lire la suite

  p. 416-416

Général Augustin Guillaume : Les Berbères et la Pacification de l’Atlas central  ; (présentation du général Alphonse Juin) ; Éditions Julliard-Séquana, 1946 ; 521 pages - Alphonse Juin

Nous sommes heureux de pouvoir publier ici la belle préface dans laquelle le général Juin, chef d’État-major général de la Défense nationale, a présenté le livre consacré par le général Guillaume à l’importante question des « Berbères et la Pacification de l’Atlas central ». C’est la meilleure analyse que l’on puisse désirer d’une œuvre de cette valeur. Lire la suite

  p. 416-419

Général Jean de Lattre de Tassigny, Lucien Dollinger, Hans Haug et René Paira : Alsace  ; Éditions Jacques Vautrain, 1946 ; 244 pages - Edmond Delage

C’est un superbe livre que celui que les Éditions Jacques Vautrain viennent de consacrer à l’Alsace. On y voit quels précieux trésors matériels, culturels et spirituels sont revenus au patrimoine français, grâce à la reconquête de cette terre bien aimée. Un des chapitres les moins émouvants n’est pas celui dans lequel le général de Lattre de Tassigny, inspecteur général de l’Armée, a fait revivre, comme il l’avait fait à l’Université de Strasbourg, les opérations magistrales qui aboutirent à la délivrance de l’illustre Métropole.

  p. 419-419

Pierre Bourdan : Perplexités et grandeur de l’Angleterre  ; Éditions Stock, 1945 ; 427 pages - Edmond Delage

M. Pierre Bourdan nous a donné dans son livre, Perplexités et grandeur de l’Angleterre une œuvre faite à la fois d’impressions vécues, de jolis détails pittoresques et humains et de réflexions souvent profondes sur le peuple au milieu duquel il a passé tant d’années, et plusieurs parmi les plus passionnantes et les plus tragiques de son histoire. Les notations de M. Pierre Bourdan sur la vie anglaise mériteront de prendre place à côté de celles de Thomas Grain d’Orge, de H. Taine. À les confronter, on pourra mesurer l’importance de l’évolution qui transforma la grande île. Lire la suite

  p. 420-420

Tony Albord : Pourquoi cela est arrivé  ; Éditions aux Portes du Large, 1946 ; 141 pages - Edmond Delage

Le général Albord vient de publier sous un format très réduit, puisque son livre ne dépasse pas 140 pages, une œuvre riche d’idées et fort courageuse. Elle complète celle qu’il avait consacrée à la reconstitution de l’armée sous le titre : Les bases d’une armée nouvelle, dont il a été rendu compte ici même. L’auteur recherche les causes profondes de la défaite militaire de 1940. Pour lui, celle-ci n’est pas seulement le résultat d’un plan d’opérations peut-être défectueux et d’une infériorité marquée en effectifs et en matériel : elle est, aussi et surtout, celui de faiblesses et d’erreurs commises dans les milieux militaires. Lire la suite

  p. 420-421

Marc Bloch : L’Étrange défaite  ; Éditions Franc-Tireur, 1946 ; 194 pages - Edmond Delage

Parmi les témoignages sur la dernière guerre, il n’en est pas de plus émouvant et de plus précieux que celui que nous devons à Marc Bloch, professeur à la Sorbonne, fusillé par les Allemands en juin 1944. Lire la suite

  p. 421-422

Lieutenant-colonel Pierre Paquier : Aviation, école de bonheur  ; Éditions Didier, 1946 ; 239 pages - Henry Freydenberg

M. le lieutenant-colonel Pierre Paquier veut prouver que le bonheur réside dans l’action, dût cette action entraîner le sacrifice suprême, et il donne d’excellents exemples dans les récits pleins d’enthousiasme, d’héroïsme aussi, qu’il situe en France et dans les colonies. L’aviation, qui exige l’action constante, le goût de l’effort et du risque, est certainement l’école-type pour atteindre ce bonheur. Leur escadre de maraudeurs au combat, une mission en Indochine sont des exemples très différents de ce principe d’action. Les types qu’il présente ensuite : Rohan-Chabot, de noble famille ; Do-Huu-Chan et Do-Huu-Vi, Indochinois ; Makowski, Polonais ; Martel, le jeune mécano, sont des héros que l’aviation a créés, ou du moins qui ont pu se révéler grâce à elle, et qui ont été heureux car ils ont agi.

  p. 422-422

Charles de Gaulle : Discours et Messages 1940-1946  ; Éditions Berger-Levrault, 1946 ; 756 pages - Edmond Delage

La librairie Berger-Levrault a eu l’idée de rassembler, en un beau volume, sur un papier aussi luxueux que léger, et en 756 pages, dans un format commode et sous une jolie reliure, tous les discours et messages prononcés ou lancés de 1940 à 1946 par le général de Gaulle. C’est une période essentielle de sa carrière et de l’histoire politique de notre pays qui s’offre ainsi à nous en un cadre extrêmement séduisant.

  p. 422-422

Joseph Calmette : Jeanne d’Arc  ; Puf, 1946 ; 135 pages - Edmond Delage

Le savant professeur Joseph Calmette, membre de l’Institut, si réputé pour ses profondes études sur le Moyen-Âge, n’a pas dédaigné de donner, dans une collection de grande vulgarisation, un nouvel ouvrage sur « Jeanne d’Arc ». Il avait d’ailleurs, dans une autre collection intitulée « Les Grandes figures », esquissé l’héroïque silhouette de Saint Louis. C’est dire qu’il voue aux deux personnages d’élite de notre histoire du Moyen-Âge, dont aucune autre nation ne présente l’analogue, un véritable culte. Lire la suite

  p. 422-423

Jacob Worm-Müller : La Norvège sous le joug allemand  ; Éditions Stock, 1946 ; 62 pages - Edmond Delage

Il est peu de pays qui méritent autant notre estime et notre admiration que la Norvège, terre d’hommes et d’âmes libres qui, après avoir lutté héroïquement avec des forces infimes contre l’envahisseur, a su magnifiquement se garder de toute emprise allemande au cours de son occupation, ce qui ressort d’une courageuse brochure publiée par M. Worm-Muller, professeur à l’Université d’Oslo, précédée d’une belle préface de M. A. Jolivet, professeur de langue et de littérature septentrionales à la Sorbonne.

  p. 423-423

Général Jean Hébrard : Vingt-cinq années d’aviation militaire (1920-1945). T.I : La Genèse du drame aérien de 1940  ; (préface de Henri Bouché) ; Éditions Albin Michel, 1946 ; 479 pages - Edmond Delage

Le général de brigade aérienne Hébrard expose en un livre précis et passionnant la « Genèse du drame aérien de 1940 ». Il nous donne la réponse à cette question que tant de Français se sont posée depuis cette funeste époque où tant d’illusions s’écroulèrent : comment la France, qui était en 1919 la première puissance aérienne du monde, a-t-elle pu se laisser presque complètement surclasser dans le ciel en 1940 ? Ce n’est pourtant ni l’argent qui a manqué pour construire une flotte aérienne, ni l’héroïsme qui a fait défaut à nos équipages. Le mal vint de l’anarchie qui régna dans les idées et les méthodes au moment où, notre supériorité ancienne ayant été détruite par l’évolution rapide de la technique, il eût fallu reconstruire, et reconstruire vite, sur des bases à la fois larges et solides. Ce sont ces bases que nous ne parvînmes pas à créer. Lire la suite

  p. 423-424

Rear-Admiral H.G Thursfield : Brassey’s naval annual 1946  ; Éditions Macmillan, 1947  282 pages - Edmond Delage

L’édition de la publication universellement connue dans la Marine de tous pays, le Brassey’s naval annual 1946, vient de paraître, il y a seulement quelques mois. Fidèles à leur goût de la tradition, les éditeurs se flattent d’avoir pu le publier en un jour sacré pour les Anglais, qui est celui du Trafalgal, le 21 octobre. L’amiral H.G. Thursfield tient cependant à souligner que la publication ne se borne pas à une description d’événements passés, mais qu’elle envisage, comme elle l’a toujours fait, de tirer des leçons du passé pour l’évolution de l’avenir. Lire la suite

  p. 424-425

Revue Défense Nationale - Mars 1947 - n° 034

Revue Défense Nationale - Mars 1947 - n° 034

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Mars 1947 - n° 034

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

Aucune contribution n'a encore été apportée.