Civitas Humana
Wilhelm Röpke, professeur à l’Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, après avoir été, avant l’avènement du Nazisme, professeur d’Université en Allemagne, offre au public français, dans une traduction de Paul Bastier, un livre important qui est comme la synthèse de ses études antérieures relatives à la réforme économique et sociale. L’auteur ne veut pas, en effet, rester un pur économiste. Si la moitié environ de la Civitas Humana est consacrée aux questions relatives à la vie économique et sociale, l’autre dépasse ces problèmes et présente d’intéressantes suggestions sur l’organisation de la vie intellectuelle, la vie politique, la vie de la société même.
Il s’agit, en effet, d’une vaste synthèse, où l’auteur, par-delà les doctrines traditionnelles du libéralisme, du capitalisme et du collectivisme, tente l’élaboration d’un véritable « humanisme économique ». Ce livre est, d’ailleurs, continué par un autre dont la traduction française est annoncée aux Éditions du Cheval Ailé, à Genève, intitulé Internationale Ordnung où William Röpke essaie de définir un véritable ordre nouveau international. L’auteur, mis en présence de deux systèmes d’économie opposés – l’« économie de marché » et l’« économie de commandement » (collectivisme) –, propose une troisième solution. Il ne veut pas tenter un assainissement de l’économie mondiale après la guerre en rétablissant purement et simplement l’économie mondiale passée, avec toutes ses faiblesses, issues de développements erronés du libéralisme historique et du capitalisme. Il ne conçoit la guérison de l’économie mondiale qu’à la condition que les différents pays consentent à une limitation de leurs droits souverains. « Nous avons fini, professe-t-il, par atteindre, à un degré de l’histoire de l’Humanité où une haute dose d’internationalité et de limitation de souveraineté est devenue pour les nations elles-mêmes une question vitale. »
La partie la moins intéressante de ces chapitres si denses n’est pas les remarques qui font suite à chacun d’eux et qui contiennent la mention et la discussion, souvent profonde, d’un nombre incroyable d’ouvrages et d’articles fondamentaux dus à tout ce que le monde économique, politique, historique, et même philosophique, compte d’illustrations.