Géographie sociale du monde
L’intéressante collection « Que Sais-je ? », dirigée par M. Paul Angoulvent et qui possède déjà un catalogue général ne comportant pas moins de 197 numéros, vient de publier sous la signature de M. Pierre George, une monographie particulièrement suggestive. C’est une excellente mise au point de ce qu’un homme cultivé doit connaître de la géographie sociale. C’est d’ailleurs là une expression encore toute neuve. Nous avons, dans notre jeunesse, appris la géographie physique à base de nomenclature : les lycéens d’aujourd’hui sont initiés à la géographie humaine et économique.
Nous voici maintenant mis en présence d’une nouvelle forme de la géographie, la géographie « sociale », qui entreprend l’étude des groupements humains dans les différents milieux physiques, ethniques, historiques et économiques du globe. M. Pierre George les passe tous en revue, en commençant par les sociétés rurales traditionnelles, les nomades et sédentaires de l’Orient et de l’Afrique du Nord, les paysans de l’Afrique noire, les fourmilières humaines de l’Extrême-Orient et de l’Inde, et en abordant, dans une seconde partie, les sociétés infiniment plus complexes de l’Europe, qu’elles soient rurales, industrielles et commerçantes. La société française paraît être un compromis, somme toute jusqu’ici heureux, entre ces deux formules, grâce à son économie mixte, agricole et industrielle. Mais cette économie est, elle-même, liée aux principes d’ensemble qui présideront au fonctionnement de l’économie européenne et mondiale.
Dans une troisième partie, qui tient compte des dernières données de la science géographique, M. Pierre-George étudie ce qu’il appelle les terres d’expériences : Continent américain, URSS et Japon. La conclusion qu’il tire de cette rapide revue de tous les groupements sociaux humains est que le monde marche vers une uniformisation sociale, vers une simplification de son panorama économique et social. Il ne se dissimule d’ailleurs pas que la route vers ce but – qui n’est peut-être pas d’ailleurs tellement idéal – est encore longue, car les rivalités d’intérêts et de doctrines provoquent des heurts brutaux et la société de demain s’enfante dans le sang.