Janvier 1947 - n° 032

Tout le monde connaît l’existence du Conseil d’État, institution ancienne et illustre intimement mêlée à la vie publique de la France ; assez rares sont, en revanche, les personnes capables de dire avec précision quel est l’objet, quelles sont les attributions et occupations de ce corps puissant autant que vénérable. On sait, assez vaguement, qu’il participe plus ou moins au pouvoir législatif ou réglementaire, ainsi qu’il appert de la formule « le Conseil d’État entendu » figurant dans les visas des plus importants décrets ; on sait, sans beaucoup plus de précision, qu’il a le pouvoir d’annuler certaines décisions des autorités administratives même les plus élevées, jusqu’à des actes portant la signature du Président de la République ; mais là se bornent le plus souvent, en ce qui concerne la haute Assemblée siégeant au Palais Royal, les connaissances du Français moyen ne faisant pas partie des milieux politiques, administratifs ou juridiques. Je me propose, dans les pages qui suivent, de compléter quelque peu, aussi succinctement et clairement que possible, ces notions un peu bien sommaires et, surtout, de les préciser. Lire les premières lignes

  p. 3-18

Certains événements récents montrent que les grandes puissances établissent leurs nouveaux « Kriegspiels » aux approches de la Scandinavie. Nous voulons parler des « projectiles fantômes » aperçus dans certaines parties de la péninsule, et qui semblaient venir de zones occupées par les Soviets. Mais nous voulons évoquer également l’évolution politique des Îles Féroé où un certain esprit d’indépendance semble parfaitement cadrer avec le désir très net que marquent au même moment les États-Unis en différant l’évacuation des bases stratégiques qu’ils détiennent en Islande. Lire les premières lignes

  p. 19-27
  p. 28-35
  p. 36-47
  p. 48-59

La création de modes de transport nouveaux a toujours entraîné la construction d’installations fixes dont l’importance augmente avec le progrès des matériels mobiles. L’augmentation de tonnage des navires et le perfectionnement des techniques navales conduisent à construire des installations portuaires de plus en plus considérables, les chemins de fer comportent une vaste infrastructure, l’évolution des transports automobiles amène l’extension et la transformation des réseaux routiers. Les transports aériens n’échappent pas à cette loi, malgré l’apparente indépendance de l’avion vis-à-vis du sol, et l’on peut réellement parler aujourd’hui de routes et de ports aériens. Tandis que les routes aériennes présentent un caractère nouveau par leur essence même, puisqu’elles relèvent presque uniquement de la radio et des télécommunications, exception faite des balisages lumineux, les aéroports, au contraire, escales ou terminus de ces routes, constituent des installations comparables aux ports et aux gares : leur construction et leur entretien incombent, qu’ils soient civils ou militaires, à un corps qu’une terminologie récente, mais rapidement et généralement admise, désigne en France sous le nom de « Génie de l’Air ». Lire les premières lignes

  p. 60-74
  p. 75-85

J’ai lu avec le plus vif intérêt dans votre revue les pages consacrées par le contre-amiral Barjot à la question du Rhin (« Le Rhin et la sécurité française ») ; malheureusement, je ne puis me déclarer d’accord, ni avec l’auteur, ni avec la thèse du général de Gaulle à laquelle il se réfère. Lire la suite

  p. 86-90

Chroniques

  p. 91-95
  p. 95-100

L’activité de la marine française est demeurée soutenue au cours des dernières semaines. Tandis que le Richelieu regagnait Brest après avoir reçu un accueil chaleureux au Portugal dans sa mission de représentation du 4 au 10 novembre, et que le porte-avions Colossus multipliait les manœuvres d’appontage à Toulon, un groupe, composé du croiseur Georges-Leygues et des croiseurs légers Malin et Terrible, exécutait une croisière d’entraînement sur l’itinéraire Toulon–Oran–Alger–Toulon : c’était la première sortie d’exercice du Georges-Leygues, distrait jusqu’ici de son service en escadre par de nombreux transports et une visite aux États-Unis. Lire les premières lignes

  p. 101-106
  p. 106-110
  p. 110-116

L’activité économique en France, qui s’était sensiblement améliorée en octobre, risque d’être bien ralentie par le manque de charbon et les restrictions d’électricité. Quant au problème des prix, il ne cesse de tenir la vedette. Lire les premières lignes

  p. 116-120

Bibliographie

Pierre Gaxotte : La France de Louis XIV  ; Librairie Hachette, 1946 ; 390 pages - Edmond Delage

Nous possédions déjà des études que l’on pouvait croire définitives sur le Roi-Soleil, à commencer par celle d’Ernest Lavisse dans son Histoire de France et par celle de l’Académicien Louis Bertrand dans la collection Fayard. M. Pierre Gaxotte qui a entrepris, semble-t-il, la réhabilitation de quelques-uns de nos rois et avait essayé, avec le talent qu’on lui connaît, de nous persuader que Louis XV avait été un grand monarque, s’est, cette fois, attaqué à une tâche plus aisée. Lire la suite

  p. 121-122

Ernest Pezet : Allemagne-Europe  ; La Nouvelle Édition, 1946 ; 261 pages - Edmond Delage

On sait la compétence de M. Ernest Pezet, député et vice-président de la Commission des Affaires étrangères, en matière de politique étrangère et plus particulièrement, de politique autrichienne. Il vient d’élargir son champ d’études par un nouveau livre consacré à la question allemande, « le problème le plus obscur, le plus compliqué, le plus vaste de toute l’histoire des temps modernes », comme le disait fort justement Constantin Frantz dès 1866. Ce livre est un excellent résumé des différentes faces de cette question difficile – les « Quatre Grands » en savent quelque chose. Lire la suite

  p. 122-123

Raymond Aron : De l’armistice à l’insurrection  ; Librairie Gallimard, 1945 ; 373 pages - Edmond Delage

C’est une heureuse idée qu’a eue la librairie Gallimard, de réunir, en un livre, ces belles études parues dans La France Libre, à Londres en novembre 1940 et mai 1944. Sous le titre général « Chroniques de France », elles avaient pour objet d’aider les lecteurs, en majorité étrangers, à comprendre des événements que les journaux quotidiens ne leur révélaient que d’une manière nécessairement fragmentaire. La plupart des articles de l’auteur portaient sur la France, la vraie France, qu’il essayait de révéler au monde, dégagée des servitudes de toute nature imposées par le régime allemand et le gouvernement de Vichy. Dans ce drame affreux, aux cent actes divers, Raymond Aron a su admirablement dégager les valeurs permanentes de la nation, celles qui ont fini, grâce au succès de la victoire des Nations unies, par prévaloir en notre pays libéré et régénéré.

  p. 123-123

Abel Rey : L’Apogée de la Science technique grecque  ; Éditions Albin Michel, 1946 ; 322 pages - Edmond Delage

L’incomparable collection « L’Évolution de l’Humanité », dirigée par Henri Berr, vient de s’enrichir, dans sa série complémentaire, d’un livre capital sur la science dans l’antiquité, dû à Abel Rey, le grand maître de la Sorbonne disparu prématurément, dont la perte est si grave pour la science, pour l’histoire des sciences et pour la philosophie. Il n’est pas possible de chercher à donner, en quelques lignes, une idée, même succincte, de l’importance de cette histoire de l’apogée de la science technique grecque. Abel Rey était, sans doute, le seul à pouvoir traiter en des pages toujours documentées et souvent d’une austère beauté, l’inventaire des suprêmes résultats scientifiques de la pensée grecque, qu’elle s’appliquât aux sciences de la nature et de l’homme ou aux mathématiques.

  p. 123-123

Pierre George : Géographie sociale du monde  ; Puf, 1946 ; 127 pages - Edmond Delage

L’intéressante collection « Que Sais-je ? », dirigée par M. Paul Angoulvent et qui possède déjà un catalogue général ne comportant pas moins de 197 numéros, vient de publier sous la signature de M. Pierre George, une monographie particulièrement suggestive. C’est une excellente mise au point de ce qu’un homme cultivé doit connaître de la géographie sociale. C’est d’ailleurs là une expression encore toute neuve. Nous avons, dans notre jeunesse, appris la géographie physique à base de nomenclature : les lycéens d’aujourd’hui sont initiés à la géographie humaine et économique. Lire la suite

  p. 123-124

Major Donald W. Dresden : Le chemin de Paris  ; Éditions du Myrte, 1946 ; 230 pages - Edmond Delage

Parmi les témoignages de nos amis et alliés sur la reconquête de la France, celui du major D.-W. Dresden, qui vient de paraître dans une bonne traduction de M. E. Michel Tyl, est un des plus précieux. Ce sont les impressions notées au jour le jour d’un journaliste qui avait passé de longues années, semble-t-il, en France et à Paris et qui était chargé des délicates fonctions des affaires civiles sur le territoire français à mesure que celui-ci allait être récupéré, grâce à la vaillance de nos amis Américains et Anglais. Lire la suite

  p. 124-125

René Maran : Les pionniers de l’Empire  ; Éditions Albin Michel, 1943 ; 418 pages - Edmond Delage

Ce volume fait partie d’une série que M. René Maran se propose de consacrer aux fondateurs de l’Empire français. Il déclare n’avoir pas d’autre ambition que de rendre au Français d’aujourd’hui confiance en lui-même, en lui rappelant, avec autant de précision que possible, le haut exemple que constitue la vie de certains de ses grands ancêtres insuffisamment connus. Lire la suite

  p. 125-125

Albert Béguin : Faiblesse de l’Allemagne  ; Librairie José Corti, 1946 ; 283 pages - Edmond Delage

Parmi les livres que la crise allemande a fait naître, celui d’Albert Béguin est un des plus suggestifs. Albert Béguin joint, on le sait, à une vaste culture une connaissance approfondie de la littérature et des problèmes allemands. Son livre, qui est une sorte d’essai de psychologie politique de l’Allemagne d’avant-guerre, était pratiquement composé, le 1er juin 1940 et ce n’est pas un mince éloge à lui faire que de voir qu’il a, dans son ensemble, supporté, sans avoir besoin d’être remanié profondément, l’épreuve décisive de la guerre où s’est englouti le régime national-socialiste. Celui-ci portait, en effet, selon Albert Béguin, en lui des charmes d’irrémédiables faiblesses. L’auteur, qui ne dissimule, d’ailleurs, aucunement sa foi militante, rattache la solution du problème allemand à celle, plus générale, du problème européen et humain. Pour lui, la crise nazie ne pourra être dénouée que si l’humanité moderne répudie son culte de la matière, de la technique et de l’État et si nous pouvons donner naissance à un monde où l’Allemagne n’ait plus d’apparentes justifications pour se proclamer supérieure. Lire la suite

  p. 125-126

André Weil-Curiel : Le Jour se lève à Londres  ; Éditions du Myrte, 1945 ; 362 pages - Edmond Delage

Au nombre des ouvrages qui serviront plus tard à l’historien qui voudra reconstituer les événements relatifs à la libération de la France, celui de M. André Weil-Curiel figurera en bonne place. Il est remarquable par son talent, par l’abondance et la précision des événements qu’il relate jour pour jour. Lire la suite

  p. 126-127

John T. Mac Curdy : L’Allemagne, la Russie et l’avenir  ; (traduction de E. et M. Vincent-Ivolin) ; Éditions La Bruyère, 1946 ; 155 pages - J. D.

Les grandes lignes de cet essai étaient esquissées avant le débarquement des alliés en Normandie. Mais l’auteur, membre du Corpus Christi College et professeur de psychopathologie à l’Université de Cambridge, avait pleine confiance dans la victoire, et, déjà, il pensait au rôle que la Russie aurait à remplir après la guerre. La situation présente prouve qu’il ne s’est pas trompé dans ses appréciations. Lire la suite

  p. 127-127

Pierre Neyret : Moscou 1945  ; Éditions P.P.C, 1946 ; 222 pages - Henry Freydenberg

M. Pierre Neyret, qui avait parcouru la Russie, il y a quelques années, vient d’y retourner et c’est la comparaison de ces deux époques qui est la partie la plus intéressante de son petit livre. L’auteur décrit franchement ce qu’il a vu, laissant au lecteur le soin de conclure. Lire la suite

  p. 127-128

Colette : Paris de ma fenêtre  ; Éditions du Milieu du Monde, 1942 ; 239 pages - Edmond Delage

Bien que la Revue de Défense Nationale ne donne point habituellement de comptes rendus des œuvres purement littéraires, elle fait exception à celle-ci, car le livre publié par la grande romancière conservera un intérêt historique de premier ordre quand on voudra, plus tard, écrire l’histoire de Paris pendant la dernière guerre. De sa fenêtre du Palais Royal, Colette a, comme de coutume, beaucoup observé et magnifiquement décrit les hommes, les enfants, les animaux. Elle a évoqué, en des pages dont beaucoup deviendront, croyons-nous, classiques, les temps héroïques de la vie si pénible de la capitale qu’elle adora d’un amour plus intense encore au milieu des souffrances et des privations. C’est le livre d’un peintre, doublé d’un moraliste profondément patriote.

  p. 128-128

Robert Capot-Rey : Géographie de la circulation  ; Librairie Gallimard, 1947 ; 296 pages - Edmond Delage

M. Robert Capot-Rey, professeur à l’Université d’Alger, a publié un livre fondamental sur la géographie de la circulation sur les continents. Il date déjà de quelques années, puisqu’il venait seulement d’être envoyé à l’impression quand eut lieu le débarquement des Alliés en Algérie. L’auteur est un des géographes français les plus remarquables de la génération des élèves d’Emmanuel de Martonne et d’Albert Demangeon. Ceux-ci ne se contentent pas de juger et d’écrire sur place : ils veulent voir et vivre leurs œuvres. C’est ainsi que M. Capot-Rey, après avoir enseigné pendant dix ans à Strasbourg et à Nancy et consacré une thèse remarquable à une région industrielle sillonnée de routes et de voies ferrées, tint, lorsqu’il fut nommé en Algérie, à parcourir les pistes du Sud et à prospecter des régions aussi inconnues que le Fezzan. Il put ainsi retrouver, dans ces régions désertiques, les itinéraires immuables, constater la souveraine emprise du relief et du climat. Son livre est une étude magnifique et encyclopédique de la circulation dans ses rapports avec l’histoire et la géographie. Lire la suite

  p. 128-129

Léon Lemonnier : Kitchener, maréchal d’Empire britannique  ; Librairie Hachette, 1946 ; 255 pages - Edmond Delage

La librairie Hachette a enrichi sa galerie de portraits historiques de celui du grand maréchal de l’Empire britannique : Kitchener. Peint avec sobriété et agrémenté par M. Léon Lemonnier, à qui nous devons déjà plusieurs bonnes biographies britanniques, par exemple celles de Sir Francis Drake, Sir Walter Raleigh, de William Shakespeare, de Mark Twain, d’Oscar Wilde, de Rudyard Kipling, de Winston Churchill. Lire la suite

  p. 129-129

Jacques Maupas : Le IIIe Reich et son armée  ; Éditions internationales, 1945 ; 227 pages - Edmond Delage

M. Jacques Maupas, à qui nous devons déjà une imposante série d’études sur un certain nombre de problèmes allemands, parus dans d’importantes revues, donne, sous une forme suffisamment développée, mais cependant concise, un tableau d’ensemble du IIIe Reich et de son armée. Cette étude est puisée aux meilleures sources allemandes et françaises, aussi bien militaires que politiques et économiques. C’est un instrument de travail qui sera fort commode aux vulgarisateurs.

  p. 130-130

Jean Zay : Souvenirs et solitude  ; Éditions Julliard Séquana, 1945 ; 489 pages - Edmond Delage

C’est un beau livre que Souvenirs et Solitude de l’ancien ministre Jean Zay qui, précédé d’une préface de Jean Cassou, a été publié par les soins pieux de son ancien collaborateur Marcel Abraham. Cette « tapisserie » – c’est le nom que Jean Zay donnait dans ses lettres à ce travail – fut tissée par lui pendant les quatre années d’injuste emprisonnement qui lui furent infligées avant son meurtre par les tueurs de Darnand. Nous voyons s’y révéler, jour par jour, une âme généreuse, un esprit brillant et solide, un analyste de classe. Lire la suite

  p. 130-130

A. Couthay : Russie d’aujourd’hui, les Secrets d’une victoire  ; Éditions Olivier Lesourd, 1945 ; 150 pages - Edmond Delage

L’ouvrage que vient de publier M. A. Couthay sur la « Russie d’aujourd’hui » est une excellente petite synthèse inspirée, d’ailleurs, par une admiration sans restriction de l’effort russe dans la guerre qui vient de se terminer. L’auteur y passe en revue les différents éléments qui constituent les efforts de la Russie nouvelle. Il considère que ce qui a été fait en Russie pendant ces vingt dernières années n’a pu être fait dans ce pays que grâce à ses immenses ressources naturelles, avec un peuple prêt à tous les sacrifices, avec son gouvernement d’une volonté indomptable « poursuivant sans trêve sa tâche hardie ». Envisageant avec optimisme l’avenir, il prend à son compte ces jugements d’un auteur américain connu, qui déclare : « La victorieuse Russie souveraine, d’après-guerre, sera socialiste, sans être internationaliste révolutionnaire, athée sans être violemment antireligieuse, autocrate, mais non antidémocrate. »

  p. 130-131

Military Review  ; Fort Leavenworth (Kansas), mensuelle ; 128 pages - La Rédaction

Publiée sous les auspices de l’état-major de l’École de guerre américaine, la Military Review est une des revues militaires spécialisées les plus intéressantes du monde (mensuelle ; 128 pages). D’un format très commode, fort bien imprimée, elle comprend, en dehors d’une quinzaine d’articles de fond traitant de tous les sujets de technique militaire, guerre, marine et air, des notes d’information très documentées et des résumés des meilleurs articles parus dans les revues militaires étrangères. Lire la suite

  p. 131-131

Revue Défense Nationale - Janvier 1947 - n° 032

Revue Défense Nationale - Janvier 1947 - n° 032

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Janvier 1947 - n° 032

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

Aucune contribution n'a encore été apportée.