Le Jour se lève à Londres
Au nombre des ouvrages qui serviront plus tard à l’historien qui voudra reconstituer les événements relatifs à la libération de la France, celui de M. André Weil-Curiel figurera en bonne place. Il est remarquable par son talent, par l’abondance et la précision des événements qu’il relate jour pour jour.
C’est d’abord le récit de la campagne de Belgique vue par un jeune interprète affecté à une formation britannique ; le comportement de nos Alliés si parfaitement organisés, si maîtres d’eux jusque dans la retraite, y est évoqué avec la plus vive compréhension ; puis c’est le passage en Angleterre, le tableau de l’hospitalité britannique, délicieuse en un pays encore à peine éveillé au sentiment du danger ; enfin, et surtout, c’est l’évocation des tout premiers débuts du gaullisme londonien. On y voit à quelles difficultés d’incompréhension quasi-totale se heurtait alors celui qui devait libérer son pays.
Des faits et des hommes, André Weil-Curiel parle avec une lucidité qui risquera peut-être de lui valoir la réputation qu’il avait déjà à Londres, de terrible. Il ne ménage personne : malheur à qui tombe sous son souvenir. Comme il est doué d’une plume acérée, bien des personnages, qui ne s’y attendaient peut-être guère, figurent dans une galerie que l’on pourrait, à certains égards, comparer à un jeu de massacre. Mais le but de l’auteur n’a pourtant point été polémique. Œuvre de bonne foi, son livre, publié sans avoir été le moins du monde édulcoré, n’a eu d’autre dessein que de fixer certaines vérités et responsabilités.