Kitchener, maréchal d’Empire britannique
La librairie Hachette a enrichi sa galerie de portraits historiques de celui du grand maréchal de l’Empire britannique : Kitchener. Peint avec sobriété et agrémenté par M. Léon Lemonnier, à qui nous devons déjà plusieurs bonnes biographies britanniques, par exemple celles de Sir Francis Drake, Sir Walter Raleigh, de William Shakespeare, de Mark Twain, d’Oscar Wilde, de Rudyard Kipling, de Winston Churchill.
Toute la vie de Lord Kitchener est exposée d’après des documents puisés, semble-t-il, aux meilleures sources. Elle est naturellement encadrée par le récit des grands événements auxquels ce bon serviteur de l’Empire a pris part au cours de sa carrière. On sait que, par sa mère, Kitchener avait du sang français dans les veines, et on n’oubliera pas qu’à vingt ans, malgré nos désastres de 1870, il s’était engagé avec d’autres jeunes Anglais dans les armées de la République.
Nous suivons le jeune officier, qui ne voulut jamais être un officier de garnison, et rechercha constamment l’action sur tous les théâtres d’opérations extérieurs, en Palestine, à Chypre, en Égypte, au Soudan, en Afrique du Sud. Ce qui frappe, par-dessus tout, dans l’évocation de ses hauts faits militaires, ce n’est pas tant un génie transcendant qu’une énergie indomptable, qu’une activité réaliste, où se déploya sa volonté de fer : dans les derniers jours de 1883, le jeune chef d’escadron rentre en Égypte en traversant le désert à travers les tribus insoumises. Au cours de sa lutte contre les Derviches, pendant une retraite difficile, il n’hésite pas à faire combler tous les puits où devait s’approvisionner l’ennemi. Il est aussi habile collaborateur de l’Intelligence Service que brave et tenace dans le combat. On sait son rôle pendant la campagne des Boers.
Quand éclata la guerre de 1914, il était le soldat le plus populaire de l’Angleterre ; c’est à lui qu’elle recourut pour créer l’instrument qu’elle n’avait pas su forger avant la guerre, il y déploya son énergie farouche et méticuleuse, enveloppée de silence. Sa mort fut celle d’un héros de légende ; il disparut sur le croiseur qui l’emportait en juin 1916 vers la Russie, à laquelle il allait porter l’appui de ses conseils, englouti, contre une mine de U-Boat, par les flots glacés de la mer du Nord.