Darlan, la collaboration à tout prix
Darlan, la collaboration à tout prix
La biographie de l’amiral Darlan publiée chez Fayard en 1989 par Hervé Coutau-Bégarie et Claude Huan était le livre de référence. Il faut désormais la mettre en regard de celle-ci, beaucoup plus sévère que la première pour le héros. On relèvera d’emblée que Georges-Henri Soutou, préfacier, apporte sa caution prestigieuse à l’auteur, tout en relevant que celui-ci pose plus de questions qu’il n’en résout.
Bernard Costagliola, en 400 pages, brosse un tableau peu amène de l’amiral : homme d’action certes et créateur de notre marine de 1939, Darlan est de courte vue et de peu de culture. Les circonstances, tragiques, l’ont amené à illustrer le Principe de Peter et à dépasser son seuil d’incompétence. Ainsi était-il au-dessus de ses forces de « digérer » le drame de Mers-el-Kébir, où l’Anglais détruisit au port une part importante de sa belle flotte. Dès lors, il est difficile de distinguer, dans le rôle important qu’il joua à Vichy, la rouerie de la rancœur.
La fin fut tragique. On reste atterré de ce coup du sort où l’amiral, venu à Alger le 8 novembre 1942 au chevet de son fils malade, y est surpris, au sens premier du mot, par l’opération Torch. Voici Giraud, Juin, Darlan – et non de Gaulle – se disputant sous le regard incrédule du général américain. Accord douloureusement conclu, l’amiral en fait les frais, assassiné le 24 décembre dans des conditions qui restent mystérieuses. L’assassin, « royalo-gaulliste », sera exécuté vite fait… deux jours plus tard.
Revenons à Darlan. Nul, ce type ? Non pas : durant la Grande Guerre, il combattit à terre dans les fusiliers-marins et reçut quatre citations. ♦