Conclusion
Il est difficile d’énoncer une conclusion spontanée ; aussi bien ne ferai-je qu’un commentaire. Il est vrai qu’au fil des années nous avons perdu de vue le Sud-Est asiatique, et c’est fort regrettable car il s’agit d’une région qu’on ne saurait négliger tant en raison de son poids démographique que pour le caractère industrieux de ses habitants, son importance économique aussi bien que stratégique, une région qui se situe à la charnière de deux océans dont l’un va prendre de l’importance à mesure que se développera l’Inde, et l’autre qui est appelé à devenir l’océan numéro un de la planète.
Ce Sud-Est asiatique, tout à la fois maritime et terrestre, est donc une zone géostratégique considérable dont dépend très largement l’avenir de l’économie et de l’histoire du monde de demain. Or, il a été en quelque sorte estompé de la carte, gelé, depuis quarante ans par le carcan que nous connaissons et dont nous sommes enfin libérés politiquement. C’est heureux intellectuellement aussi, car enfin on va pouvoir commencer à réfléchir. Cette sclérose que représentaient les pays socialistes va prendre fin, cette région va être libre, pour le meilleur ou pour le pire bien entendu ; les conflits sont en train de s’apaiser même si celui du Cambodge présente toujours de sérieuses difficultés ; la Chine est encore gênée aux entournures, mais cela ne durera pas éternellement ; les « dragons » vont se multiplier ; le poids du Japon, celui de l’Inde vont s’imposer et il est regrettable que nous soyons fort peu présents dans cette région.
L’influence de la France y est extrêmement limitée, car l’eau a coulé sous les ponts. J’espère que la diaspora, dont on sait l’importance, pourra jouer à notre profit même si, comme toute diaspora, comme tout national de l’extérieur, elle ressent quelque difficulté à rétablir les liens avec les habitants de l’intérieur. Il ne faut pas toujours mettre en avant le passé, qui est parfois un obstacle à l’avenir, mais nous avons quand même certains atouts qui demeurent, notamment au Vietnam où, en raison des guerres qu’il a endurées, l’influence américaine est insignifiante.
Si nous voulons reconquérir des positions dans le Sud-Est asiatique, ce qui est indispensable, la péninsule indochinoise pourrait être un point de départ, un point d’attache, qu’il faut pénétrer aussi bien économiquement que culturellement, et j’ai été fort heureux d’entendre M. l’ambassadeur Georgy nous révéler qu’on était en train de préparer des actions qui, je l’espère, nous permettront de prendre pied là plus qu’ailleurs. ♦