Les incertitudes stratégiques ne cessent de croître et de remettre en cause les fondements actuels des relations entre les pays. Il est aujourd’hui vital de retrouver un ordre international plus cohérent, et en particulier pour l’Europe, de repenser son effort de défense pour faire face aux menaces.
La matrice de la guerre
The womb of war
The strategic uncertainties never cease to increase and to question the current foundation of relations between countries. It is important today to find again an international order that is more coherent, and especially for Europe, to rethink about its effort in facing threats.
Sur fond de perspectives géopolitiques toujours plus inquiétantes et désormais ouvertement exprimées par nos dirigeants, onze pays européens ont mis fin cette année au cours historique de leur désarmement. C’est dans ce cadre que la France, dont les forces demeurent toujours engagées sous forte tension dans cinq théâtres majeurs, a procédé à une inflexion stratégique remarquable en permettant l’augmentation de ses effectifs et en engageant une ébauche de réarmement. Elle met fin de la sorte à un déclin plus que cinquantenaire.
Mais là n’est pas, ou n’est plus, la question. Au lendemain des événements tragiques qui ont à nouveau frappé notre capitale et définitivement dégradé les perspectives de sécurité intérieure de la France, les interrogations portent sur l’arrivée à temps de ces moyens supplémentaires, et pire, sur leur suffisance aux fins de récupérer les marges de sécurité perdues.
L’accumulation de ces incertitudes pose la question de l’adaptation de notre politique de sécurité à court et moyen terme, en partant du postulat que l’ordre sur lequel notre paysage géostratégique se fondait est durablement perturbé. Que peut en effet l’Otan – toutes leçons du conflit afghan prises – face à la déstabilisation dramatique des Proche et Moyen-Orient ? À quoi sert d’être une puissance nucléaire dès lors que l’ennemi, ayant opté pour des modes d’action strictement subversifs et s’appuyant sur les faiblesses de nos sociétés ouvertes (illustrant à quel point les leçons du 11 septembre n’ont pas été prises sur le fond) donne l’impression d’avoir l’initiative et de pouvoir agir sans fin ? Comment interpréter l’arrivée en force de la Russie en Méditerranée, « hors champ », pour la première fois depuis son retrait d’Afghanistan, cette mer que la France a pu avoir autrefois, dans des ambitions mesurées, l’objectif de contrôler ?
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