L’hybridité des menaces impose de nouvelles réponses hybrides utilisant des outils innovants permettant de traiter les flux réels et virtuels mis en œuvre face à des adversaires irréguliers. L’usage de la « prévention augmentée » permettrait ainsi d’accroître la protection de nos sociétés.
L’hybridité : nouvelles menaces, inflexion stratégique ?
Hybridity: New Menaces, Strategic Reorientation?
The hybridity of threats imposes new, hybrid responses using innovative tools permitting the treatment of real and virtual fluctuation, implemented when faced with irregular adversaries. The usage of “augmented prevention” thus permits an intensification of the protection of our societies.
Le phénomène de friction, qui consiste en un inéluctable décalage entre une stratégie et sa mise en œuvre, a été théorisé par Clausewitz. Aujourd’hui, le problème se pose avec la plus grande acuité car le monde serait apolaire d’après R. Haass : le contexte international est flou et mouvant. Aux affrontements d’États à États francs et circonscrits se sont substituées des crises indéfinies. Se déployant dans des zones « grises », ces régions ni en guerre ni en paix, elles impliquent des acteurs polymorphes, guerriers, criminels, trafiquants ou idéologues qui ont recours à des modes d’action divers, à la fois symétriques et asymétriques. Sans être nouvelle, l’hybridité est un phénomène imparable car il caractérise la plupart des conflits contemporains. Comme le souligne M. Naïm, rédacteur en chef de la revue Foreign Policy, dans son ouvrage Illicit, l’inclination de l’analyste à vouloir classer, ranger et catégoriser une fois pour toutes fait rater l’hybridation des menaces. Du coup, les réponses apportées ne sont plus nécessairement adaptées. Dès lors, certains n’hésitent pas à remettre en question l’utilité de la puissance militaire dans la « grande stratégie », en en dénonçant la faillite, à l’instar de M. van Creveld, allant même jusqu’à se demander si la guerre n’est pas obsolète, selon l’expression de J. Mueller. Toutefois, si le recours exclusif au hard power montre ses limites (cas de la deuxième guerre du Golfe), il serait illusoire de s’en remettre uniquement au soft power : les mesures de coercition commerciales et financières ne sont pas toujours plus efficaces (exemple de la loi d’Helms-Burton contre le régime castriste).
Dans un contexte gagné par l’hybridité, même si l’occurrence de conflits d’États à États reste à envisager, la question est de savoir quelles inflexions stratégiques pourraient être proposées.
Aux menaces hybrides, responsables d’imprévus sidérants, doit répondre une stratégie hybride et innovante, capable de minimiser la friction ainsi générée et mener au succès politique.
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