Military History–The French-Russian Alliance(2/2)–The Trial of Facts: The July 1914 Crisis
Histoire militaire – L’Alliance franco-russe (2/2) – L’épreuve des faits : la crise de juillet 1914
L’essayiste Albert Fabre Luce, hostile à la politique suivie par Poincaré, écrit dès 1924 : « L’Allemagne et l’Autriche ont fait les gestes qui rendaient la guerre plausible ; la Triple Entente a fait ceux qui la rendaient possible » (1). Avec le recul, le raisonnement de Fabre Luce est assez juste.
Faisant fi que les Russes ne s’étaient guère manifestés lors de la grave crise marocaine de 1911, la démarche de Poincaré est guidée par la hantise d’apparaître comme un mauvais allié en donnant à la Russie l’impression que la France, comme en 1908, ne la soutiendrait pas dans la nouvelle crise balkanique. Il craint, en cas de défection française de perdre l’alliance russe et de se trouver, lors d’une nouvelle crise, seul face à l’Allemagne. Ce faisant, il quitte le terrain d’une alliance défensive pour s’orienter vers une alliance dissuasive, avec le risque que la dissuasion diplomatique échoue face à une Allemagne velléitaire.
Lors de leur rencontre, juste avant que l’Autriche ne lance son ultimatum à la Serbie (2), Poincaré, pour les raisons exposées plus haut, n’a nullement tenté de freiner Nicolas II dans son intention de soutenir la Serbie dans cette nouvelle crise balkanique. Il ne fait aucun doute que cette absence de conseils de modération de la part de l’allié français, contrairement à ce qui s’était passé lors de la précédente crise balkanique, a été interprétée par les milieux dirigeants comme un chèque en blanc. Les dirigeants russes étaient d’autant plus enclins à le croire que ces propos, ou plutôt ce manque de propos, se situaient en droite ligne de ceux tenus pas les ambassadeurs successifs, Delcassé et Paléologue. C’est le même Delcassé qui avait décidé de son propre chef que la lecture prudente et purement défensive de l’alliance franco-russe qui avait toujours eu cours à Paris, notamment lors de la crise bosniaque de 1908 et des guerres balkaniques de 1912 et 1913, était totalement dépassée et qu’il convenait de se montrer beaucoup plus proactifs dans cette alliance. Il a réussi à en convaincre Poincaré et Paléologue, alors directeur des Affaires politiques au Quai d’Orsay avant qu’il ne lui succède à Saint-Pétersbourg.
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