L’Armée de terre a besoin d’accroître ses liens avec la haute fonction publique, en utilisant davantage la mobilité extérieure au profit de ses officiers supérieurs. Une telle démarche serait nécessaire et renforcerait la connaissance mutuelle, aujourd’hui insuffisante.
L’Armée de terre au sein de l’État : comment accroître son influence ?
The Army at the Heart of the State: How to Increase its Influence?
The Army is in need of augmenting its ties with high public functioning, using exterior mobility more strenuously to the profit of its superior officers. Such an approach would be necessary and would reinforce mutual recognition, which is currently insufficient.
« Celui qui n’est que militaire n’est qu’un mauvais militaire, celui qui n’est que professeur n’est qu’un mauvais professeur, celui qui n’est qu’industriel n’est qu’un mauvais industriel. L’homme complet, celui qui veut remplir sa pleine destinée et être digne de mener des hommes, être un chef en un mot, celui-là doit avoir ses lanternes ouvertes sur tout ce qui fait l’honneur de l’humanité ».
Maréchal Lyautey
Après des années de déflation où le sentiment d’incompréhension était mêlé à celui de perte d’influence, voire de déclassement, les événements de janvier et novembre 2015 ont mis en exergue, de façon criante, l’impérieuse nécessité pour l’Armée de terre de (ré)investir le territoire national. La question d’envoyer des officiers brevetés en mobilité externe (mobex) hors du ministère de la Défense (1) loin d’être anecdotique, prend tout son sens dans ce contexte. En effet, si l’Armée de terre reste tournée vers l’intervention extérieure, elle rééquilibre sa participation et sa visibilité dans les domaines de la protection, en particulier sur le territoire national, et de la prévention. Pour répondre à ce « pivot » et préparer l’avenir, l’Armée de terre a besoin d’officiers connaissant et comprenant le mode de fonctionnement de l’État, les lieux de décisions et les personnes qui, à défaut de les prendre, les préparent afin d’obtenir les arbitrages nécessaires.
À ce titre, la mobilité est un moyen pour atteindre cette finalité et « déniaiser » des officiers qui découvrent souvent sur le tard les relations interministérielles et les centres de décisions. Dans cette perspective, elle offre un complément utile et intéressant à la scolarité de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) qui n’intervient que tardivement dans le parcours professionnel des officiers. Pour que le retour sur investissement soit optimal, la mobilité doit s’inscrire dans une stratégie plus globale d’influence, comme le font les autres grands corps de l’État.
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