La République populaire de Mongolie (RPM) est l'ancienne Mongolie extérieure de l'empire chinois. Ce pays a toujours été une pomme de discorde entre Chine et Union soviétique dont il constitue un glacis protecteur, qui peut également menacer la route du Sing-Kiang ou la Mandchourie. Ne faisant pas partie de l'Union soviétique, la Mongolie n'en est pas moins une base militaire avancée face à la Chine, et Pékin en réclame l'évacuation comme une des conditions d'une éventuelle normalisation des rapports sino-soviétiques. L'auteur a été ambassadeur de France à Oulan Bator de 1975 à 1978 : il nous livre d'intéressantes observations sur ce pays inconnu et sur la présence de l'URSS qui s'y manifeste.
La Mongolie dans le conflit sino-soviétique
Ambassadeur de France en Arabie Saoudite, je passai sept ans à Djedda, résidence du corps diplomatique, l’un des endroits les plus humides et les plus chauds du Moyen-Orient. Un long séjour sur les bords de la Mer Rouge. Le Quai d’Orsay m’informa un jour qu’un poste allait être libre dans une région au climat inverse, bien froid et bien sec, sur les hautes terres d’Asie, en République Populaire de Mongolie… On me le proposa.
Une offre étrange qui me surprit. Cependant, je voyais sur la carte les fabuleux voyages à faire à travers la Chine ou l’URSS pour gagner la Mongolie « Extérieure », appellation du temps de l’Empire chinois de la Mongolie socialiste d’aujourd’hui. La mission n’était pas sans intérêt politique dans cet État tampon, coincé entre les Grands du communisme qui l’encerclent, la Chine de ses 4 300 km de frontières, l’Union Soviétique sur 2 700 km. Et puis, peu de gens ont l’occasion de fréquenter ces mystérieux parages de l’Extrême Asie où se préparent les affrontements qui menacent l’humanité. Connaissant la langue russe, j’acceptai pour un temps limité la proposition du Département. Les randonnées lointaines, le dépaysement, je les ai toujours aimés depuis mon jeune âge.
Mes proches et mes amis étaient plus inquiets que moi. Après les majestueux et paisibles Saoudiens, mes « interlocuteurs habituels », en langage du Quai, allaient être les descendants de ces hommes jaunes aux yeux bridés, aux pommettes saillantes, sauvages et cruels qui, sur leurs petits chevaux mongols, avaient parcouru et ensanglanté, jadis, l’Asie et l’Europe, Huns d’Attila, hordes de Gengis Khan et de ses successeurs, laissant derrière eux des traces encore visibles sur quelques faciès européens. La réalité devait être moins terrifiante de nos jours…
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