L’emploi de robots armés autonomes pourrait représenter la panacée en évitant le risque de perdre ses propres soldats. Cependant, malgré les progrès des technologies et de l’Intelligence artificielle, il serait dangereux et inconscient d’aller vers une robotisation intégrale en excluant l’homme dans la boucle décisionnelle.
Autonomes, armés… et dangereux !
Autonomic, Armed… and Dangerous!
The use of armed autonomic robots could represent the panacea of avoiding the risk of losing one’s own soldiers. Despite the progress of technologies and artificial intelligence, it will be dangerous and reckless to move towards a complete robotization excluding man in the decision-making loop.
L’armée russe se verra prochainement doter de plateformes armées pilotées à distance grâce au système d’intelligence artificielle Unicum. Il permettra d’exclure complètement l’intervention humaine. Les performances techniques et économiques des systèmes à l’autonomisation croissante ne laissent que peu de place aux questionnements éthiques. Pour autant, la guerre n’est-elle pas une chose trop grave pour être confiée aux (seuls) robots ?
L’éternelle dialectique du glaive et de la cuirasse marque l’histoire du développement de l’armement. Elle vise à infliger des dommages à un adversaire tout en se prémunissant de ceux qui pourraient être subis. Bien plus efficaces que la javeline, les drones aériens qui placent leurs pilotes jusqu’à plusieurs milliers de kilomètres des zones de conflits prolongent la dissymétrie entre les combattants. Toutefois, malgré l’accroissement de la distance entre le soldat et l’effet cinétique qu’il délivre, l’humain reste actuellement au cœur de l’action. Une distinction essentielle s’impose ici, entre drones téléopérés et robots autonomes. Les engins pilotés par des humains ne constituent pas des systèmes d’armes totalement autonomes. L’autonomie complète s’entend comme la capacité pour la machine à prendre seule des décisions, une fois déployée sur le terrain, sans présence de « l’homme dans la boucle ».
Le développement de l’autonomisation des armes n’est pas un phénomène « 2.0 ». C’est une réalité qui remonte au XIXe siècle avec la mise au point de mines sous-marines, dispositifs létaux au déclenchement automatique, revêtus par la suite du manteau du droit international (1). Aujourd’hui, les robots armés autonomes posent des problèmes éthiques. Ces interrogations passent souvent au second plan lors des recherches en armement, loin derrière les questions d’efficacité, de coût, ou de légalité. Elles deviennent particulièrement prégnantes avec l’autonomisation des machines comme le prophétisait Isaac Asimov : « Il est une chose dont nous avons maintenant la certitude : les robots changent la face du monde et nous mènent vers un avenir que nous ne pouvons encore clairement définir » (2).
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