Les élections de 2015 replongent le pays dans l’abîme. La gestion de la crise par les organisations régionales et l’Union Africaine peut être pointée du doigt, tandis que le risque d’une contamination régionale existe.
L’Afrique des Grands Lacs, gestion de la poudrière burundaise
Africa’s Great Lakes Region: handling the volatile situation in Burundi
The 2015 elections caused the country to sink back into the abyss. Crisis management by regional organisations and the African Union may be singled out, as the risk of regional contamination persists.
Le Burundi, pays enclavé de l’Afrique des Grands Lacs, a une population de plus de 10 millions d’habitants. Après l’indépendance, proclamée le 1er juillet 1962, le pays s’enlise peu à peu dans des conflits mettant aux prises Tutsis et Hutus, avec des épisodes sanglants (notamment en 1972 et en 1993). L’accord de paix d’Arusha (Tanzanie), signé le 28 août 2000, puis plusieurs autres protocoles (Prétoria 2003) mettent fin à une décennie de guerre civile. Après une période de transition, les élections d’août 2005 amènent à la présidence l’ancien rebelle Pierre Nkurunziza, du CNDD-FDD (Conseil national de la défense pour la défense de la démocratie, héritier du groupe rebelle Hutu FDD, Forces de défense de la démocratie). Il est réélu en juin 2010.
Les raisons de la crise
Les tensions internes ressurgissent en raison d’une différence d’interprétation de la question de la possibilité d’un troisième mandat présidentiel. Le CNDD-FDD considère que Pierre Nkurunziza n’est élu qu’une seule fois président de la République au suffrage universel, puisque son premier mandat provient d’une élection indirecte (il est élu par les deux chambres du Parlement). Ses opposants dénoncent un troisième mandat, à l’encontre de la Constitution, car le président Nkurunziza exerce deux mandats consécutifs. Malgré les prises de position extérieures (ONU, UE), intérieures (changement de constitution retoqué en mars 2014 au Parlement, pressions de l’Église catholique, manifestations de l’opposition) et malgré des dissensions internes du parti, Pierre Nkurunziza annonce sa candidature à un nouveau mandat présidentiel le 25 avril 2015.
Dès le lendemain, des manifestations se déclenchent à Bujumbura, la capitale du pays. L’opposition crie sa colère et, dès la première semaine, des manifestants paient de leur vie leur engagement. Les négociations semblent impossibles entre un pouvoir résolu à aller jusqu’au bout et une opposition réclamant comme préalable aux discussions le refus du troisième mandat. Le 13 mai, profitant de l’absence de Pierre Nkurunziza qui assiste à une réunion régionale, un putsch est tenté par le général Niyombare et une partie de l’armée. Ce coup d’État échoue et tend encore un peu plus la situation ; les radios privées sont fermées.
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