Editorial
Éditorial
Il y a quinze ans, le 11 septembre 2001 marquait une rupture stratégique dont on n’a pas encore mesuré toute l’ampleur et dont les conséquences continuent à bouleverser l’équilibre instable de la Planète. Les ondes de choc ne cessent d’ébranler nos certitudes et remettent en cause l’ensemble des acquis géopolitiques de l’après-guerre froide. Plus que jamais, les menaces se sont accrues et nous frappent désormais directement au cœur de notre territoire comme l’ont montré les attentats terroristes en 2015 puis de cet été.
Plus que jamais, il importe de prendre conscience de cet accroissement du risque pour une évaluation lucide de celui-ci et en apportant les réponses – notamment militaires, mais pas exclusivement – pour y faire face. C’est la responsabilité partagée du militaire et du politique d’assumer conjointement cette approche et au second de donner les moyens – en particulier budgétaires – au premier. Cette thématique se retrouve dans le dossier de cette rentrée où, malgré le consensus du Sommet de l’Otan qui s’est tenu à Varsovie, de nouveaux enjeux transatlantiques apparaissent à la lumière de la campagne pour l’élection présidentielle américaine de novembre. Des interrogations nouvelles se font jour sur la solidité du lien entre le Vieux Continent et Washington avec la tentation d’un repli pour l’un et la remise en cause des acquis d’une Union critiquée par des populismes anxieux face aux défis de l’avenir pour l’autre.
Cela ne doit pas occulter d’autres enjeux stratégiques qui de facto ont un impact sur notre environnement géopolitique. L’Asie et les détroits de Malacca – malgré leurs distances géographiques – constituent ainsi une zone de fracture où toute déstabilisation non maîtrisée se répercuterait immédiatement sur notre propre sécurité, en particulier économique.
D’autant plus qu’aux conflictualités classiques s’appuyant sur des rapports de force se rajoute désormais une hybridité de la crise ayant comme corollaire la déstabilisation par des moyens utilisant le cyberespace et le champ des perceptions, à l’exemple des champs de bataille que constitue l’Ukraine où les chars côtoient les hackers.
Il importe donc pour faire face à ces défis de mieux les connaître et ainsi de les comprendre grâce à des outils de recherche stratégique et d’analyse, s’appuyant sur un véritable débat et une approche la plus large possible, en y incluant tous les partenaires de la communauté Défense. C’est l’objectif de la RDN, d’autant plus, qu’en ce début d’automne nous entrons de plain-pied dans notre propre campagne présidentielle. Après la prise de conscience de la plupart des décideurs politiques du besoin de redresser notre effort de défense pour atteindre 2 % du PIB, il faudra veiller à ce que les discours prometteurs soient demain une réalité concrète. ♦