Suez a révélé les insuffisances françaises en termes de compétence à travailler en bilatéral, de planification interarmées, de capacités aéronavales et amphibies coordonnées. Le système D à la française n’a pas suffi à combler les lacunes structurelles, ayant entraîné de facto une tutelle britannique.
Suez, 1956 : un succès militaire en trompe l’œil
Suez, 1956: a military success in trompe l’œil
Suez has revealed the French insufficiencies in terms of competency working bilaterally, in the inter-army planning, and in the coordinated air-sea and amphibious capacities. Since the French “système D” was not enough to overcome the structural shortcomings, they have been guided under the de facto British supervision.
L’intervention menée à l’automne 1956 par la France et le Royaume-Uni contre l’Égypte, avec l’aide d’Israël, passe pour un succès militaire gâché. Provoquée par la nationalisation surprise du canal de Suez, jusque-là propriété franco-britannique, cette intervention est interrompue au bout de quelques jours sous la pression internationale, en dépit de son succès. Le contraste apparaît saisissant entre l’échec politique et la performance opérationnelle, jugée exemplaire. La réalité est pourtant plus complexe…
Quand la crise éclate, le 26 juillet 1956, il n’est pas question de négocier pour Paris et Londres. Vingt ans après la Rhénanie, face à ce qui apparaît comme une violation délibérée du droit international, il paraît essentiel de ne pas reculer… Seule une réaction de force semble appropriée, qui doit permettre de se débarrasser de Nasser. Toutefois, si le consensus est total sur ce point, ni la France ni le Royaume-Uni ne disposent d’une force d’intervention rapide pour agir sur le champ.
Paris ne peut rassembler qu’une flotte de circonstance, sans moyens amphibies, ni porte-avions modernes ou train d’escadre. Si Londres concède ces capacités et peut déployer une brigade de Royal marines, celle-ci n’est pas de taille à se mesurer à la puissante armée égyptienne, que des livraisons de matériels venus d’Europe de l’Est ont récemment renforcée. Washington ayant catégoriquement refusé le concours de la VIe Flotte et de ses marines, les deux capitales européennes sont obligées d’accepter l’ouverture de négociations diplomatiques sur le sort du canal, le temps de mettre sur pied un corps expéditionnaire.
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