L’opération franco-britannique a nécessité la mise en place d’une chaîne logistique importante qui, malgré l’échec politique, a bien fonctionné, prenant en compte les élongations et démontrant que la France avait su tirer les leçons de la défaite de juin 1940.
La logistique de l’opération de Suez
Logistic of the Suez operation
The Anglo-French operation needed to prepare an important logistic chain that functioned very well, despite the policy failure; it took the elongations into account and demonstrated that France has learned the lesson of its defeat in June 1940.
Avec ses 18 000 hommes engagés, sur 60 000 prévus, l’opération combinée menée à Suez est la dernière d’une telle ampleur conduite dans un simple cadre binational, franco-britannique. Si elle est un échec politique et stratégique, elle s’avère néanmoins un succès tactique et logistique, d’où les retours d’expériences (Retex) dont elle a fait l’objet (1). La projection d’un corps d’armée réduit à des milliers de kilomètres de ses bases a mobilisé d’importants moyens, même si le volume des troupes effectivement déployées a été plus limité. Pour cela, quels ont été les enjeux auxquels la logistique française a dû faire face ? Il s’agira d’examiner ses contraintes et ses impératifs, son organisation et son bilan de l’opération.
Contraintes et impératifs logistiques
La France ne peut réagir rapidement à l’annonce de la nationalisation du canal par Nasser fin juillet 1956, car elle n’en a pas les capacités : le gros de l’armée est engagé en Algérie et aucune force d’intervention ne préexiste. La création d’un corps expéditionnaire nécessite du temps. Pour le général Massu, commandant la 10e division parachutiste (DP), « c’est toujours une erreur d’entreprendre une campagne avec des moyens initiaux trop modestes, qu’on se promet de renforcer par la suite […]. Plus on désire que l’affrontement soit bref, plus il faut frapper fort dès le début ; en conséquence, il est indispensable d’accumuler des moyens suffisants à proximité du champ de bataille […] » (2).
Par la suite, la succession des plans d’intervention – un débarquement à Alexandrie, puis à l’entrée du canal, avant les modifications de la fin octobre – complique la planification logistique. La sortie de l’opération, incertaine pendant quelques semaines, alternant entre une reprise des hostilités (Verdict) ou un rembarquement (Harridan), représente une autre difficulté. Mais n’est-ce pas le propre de l’action militaire que de devoir composer avec l’évolutif, l’inconnu et l’imprévisible ?
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