La question de l’organisation du commandement a été centrale dans l’échec politique de l’opération en raison des objectifs contradictoires entre Londres et Paris, d’autant plus que le gouvernement français avait entériné une subordination de facto de sa force au commandement britannique.
L’expédition de Suez, l’organisation du commandement, perspectives et enseignements
The expedition of Suez, the organization of command, perspectives and education
The question of the organization of command has been central to the policy failure of the operation, due to the contradictory objectives between London and Paris, especially as the French government has confirmed a de facto subordination of its force to British commands.
Cet article n’a pas vocation à rapporter ce que fut l’expédition de Suez, mais d’exposer ce qu’en fut l’organisation du commandement, riche d’enseignements, puisqu’elle préfigure celle que nous connaissons aujourd’hui lors des engagements multinationaux qui sont dorénavant la règle.
Le 26 juillet 1956, prenant tout le monde de court, le colonel Nasser, « raïs » d’Égypte, proclame unilatéralement la nationalisation du Canal de Suez (dont le bail d’exploitation expirait d’ailleurs douze ans plus tard, en 1968, soit 99 ans après son inauguration), en prenant prétexte du refus américain de financer le projet du barrage d’Assouan. Anthony Eden, Premier ministre britannique, se montre très ferme dans son refus du contrôle du Canal par une seule puissance.
Sur le plan militaire, une planification des opérations sera conduite, sur la base de l’organisation d’un commandement binational franco-britannique intégré, débouchant sur une succession des plans d’opérations qui verront le jour entre août et novembre 1956, complétés par une planification nationale, française et britannique, pour la conduite des opérations par chacune des nations. Du côté français, le rapport du général Beaufre relatif à l’opération (1), ainsi que les ordres et comptes rendus permettent de baliser les principaux aspects de cette planification.
Il reste 91 % de l'article à lire