Le Sommet de Varsovie pourrait marquer une régionalisation accrue de l’Otan concentrée sur la défense de l’Europe, alors que la PSDC, tournée vers l’extérieur du continent, pourrait de facto voir son rôle s’accroître. Il est urgent qu’une meilleure complémentarité s’établisse entre l’Otan et l’UE.
Après Varsovie, l’Otan, la PSDC et les enjeux de la défense européenne
After Warsaw, the NATO, the PSDC and the issues of European defense
The Warsaw Summit could mark an increasing regionalization of the NATO concentrates on the defense of Europe, while the PSDC could de facto see that its role increases towards outside of the continent. It is urgent to establish a better complementarity between the NATO and the EU.
La crise ukrainienne de 2014 a certainement été une surprise pour une Alliance atlantique qui cherchait toujours à créer un partenariat viable avec la Russie et, en particulier, à la convaincre que le bouclier antimissile qu’elle s’apprêtait à mettre en place n’était pas dirigé contre elle. Depuis, l’Otan a tenu deux Sommets, un à Newport, au Pays de Galles, en septembre 2014 et l’autre à Varsovie, en juillet 2016. Lors de ces deux rendez-vous, les chefs d’États et de gouvernements ont acté un ensemble de mesures destinées à répondre à cette crise. À ce titre, « Varsovie » aurait tout aussi bien pu s’appeler « Newport II » puisque le sujet principal était le même : comment rassurer les alliés orientaux tout en dissuadant la Russie, sans pour autant remettre en cause l’acte fondateur de 1997 ?
Le Sommet de Varsovie a toutefois introduit des mesures supplémentaires qui seront certainement structurantes pour l’avenir de la défense européenne.
En effet, en décidant de déployer des forces – par rotations, mais de façon permanente – sur le territoire de la Pologne et des pays baltes, puis plus tard éventuellement en Roumanie et en Bulgarie, l’Alliance s’installe dans une posture avant tout défensive et face à une seule direction. Cette nouvelle posture pourrait accentuer le partage – désespérément artificiel – des rôles entre l’Otan et l’UE. Dans un contexte marqué par la montée des crises et des tensions à la périphérie de l’Europe, le risque serait en effet que l’Otan privilégie le confort de la défense collective géographiquement limitée aux frontières terrestres de l’Europe et laisse l’Union européenne assumer seule, via sa Politique de sécurité et de défense commune (PSDC), la gestion des crises à la périphérie. Cette évolution présente donc plusieurs enjeux pour une défense européenne qui est également confrontée à deux inconnues : la pérennité de l’engagement américain, d’une part et les orientations qui seront prises par la défense britannique après le Brexit, d’autre part.
Le glissement de l’Otan vers l’Est
Même si le Communiqué final du Sommet confirme que l’Alliance continue à s’intéresser à l’ensemble des menaces, Varsovie a malgré tout entériné un glissement vers l’est, sur lequel il sera très difficile de revenir. L’anxiété des anciens membres du Pacte de Varsovie au déclenchement de la crise ukrainienne, notamment les plus exposés comme les Polonais ou les Baltes, est parfaitement compréhensible. Il est en revanche beaucoup plus frappant de constater avec quelle facilité l’Otan a de nouveau endossé les habits de la guerre froide. De fait, la crise a permis de concilier deux aspirations. Celle de la structure de l’Otan tout d’abord, toujours en quête de sens depuis la fin de la guerre froide, notamment après l’échec relatif de la NATO Response Force (NRF) et l’enlisement de la mission en Afghanistan. Celle des Alliés, anciens membres du Pacte de Varsovie ensuite, qui y ont vu une opportunité de concrétiser leur souhait de voir l’Otan s’installer au-delà de la ligne Oder Neisse.
Il reste 82 % de l'article à lire
Plan de l'article