La Russie de Poutine fascine et inquiète, souvent par méconnaissance. Une analyse critique d’ouvrages récents permet d’avoir une vision plus nuancée, replaçant la politique actuelle dans une perspective historique et démontrant qu’il faut éviter toute approche manichéiste de la question russe.
Parmi les livres : la Russie de Poutine
Book Choice: Putin’s Russia
Putin’s Russia both fascinates and worries, often through ignorance. Critical analysis of recent published works gives a more subtle view, putting current politics into an historical perspective and demonstrating that any Manichean approach to the Russian question should be avoided.
Les livres sur le maître du Kremlin, comme sur la Russie ne tarissent pas, comme si chacun voulait dévoiler un aspect encore inconnu du personnage, mi-sphinx, mi-homme, et scruter ce que sont les objectifs réels de la « Nouvelle Russie ». Bien qu’il semble encore prématuré d’évaluer les conséquences concrètes sur les relations entre Washington et Moscou résultant de l’élection de Donald Trump, ce véritable événement ne rend que plus intéressant l’étude du fait russe.
La diplomatie russe a déployé au cours de l’été 2016 tout son savoir diplomatique en faisant bonne figure lors du G20, en accentuant son engagement militaire en Syrie, à Alep, au point de susciter un nouvel accès de fièvre internationale ; épisode trop récent pour avoir été analysé dans les divers ouvrages analysés ci-dessous. Signalons, en passant, que l’économie russe s’est avérée beaucoup plus résiliente que prévu puisqu’au lieu de la chute de 1,6 % du PIB prévue cette année, celle-ci devrait atteindre - 0,6 à - 0,7 % (et une reprise de + 1,1 % en 2017, prévisions FMI d’octobre) et que la Russie a gagné onze places dans l’indice Doing Business de la Banque mondiale en se hissant à la 40e place.
Interrogations sur Vladimir Poutine
Vladimir Poutine, Première personne
Au tout début de l’année 2000, alors qu’il n’était que Président par intérim (les élections présidentielles eurent lieu en mai), Vladimir Poutine, qui n’était encore qu’un inconnu, accorda un long entretien à trois journalistes qui scrutèrent les facettes de sa personnalité et lui firent décrire les étapes de sa carrière, dévoiler ses traits de caractère, ses méthodes de pensée et d’agir. Cette « confession » publique fut la première et la dernière à laquelle se livra le futur leader national. Curieusement, elle n’avait encore jamais été traduite en français ; voilà qu’elle l’est depuis juin 2016 (1). Beaucoup des confidences figurent dans ce document hors pair où Vladimir Poutine se livre comme il est, parfois net et brutal, souvent habile, mais toujours avec méthode et attention. Elles ont été reproduites dans les multiples biographies ou ouvrages qui lui furent consacrés. C’est l’ensemble qui vaut la peine d’être lu, car il nous révèle comment un petit « voyou des rues », comme il s’est nommé, est parvenu en l’espace de quelques années à se hisser aux sommets du pouvoir et s’y maintenir avec un taux de popularité qui n’est jamais descendu au-dessous des 60 % et qui, depuis 2014, s’est constamment maintenu autour des 85 % ou plus ! Parmi les personnes les plus proches qu’il nomma en 2000, on retrouve pratiquement tous les membres de son premier cercle, Dima Medvedev, Nikolaï Patrouchev, chef du Conseil national de sécurité, Igor Ivanov, chef de son administration présidentielle, Alexeï Koudrine, redevenu récemment chef adjoint de son comité d’experts économiques, Igor Setchine, président de Rosneft, qui passe pour être le chef de file des siloviki.
Il reste 93 % de l'article à lire
Plan de l'article