Editorial
Éditorial
Le temps des choix est arrivé avec l’élection du président de la République, chef des Armées. À travers le bulletin de vote, chaque électeur – souvent sans en avoir réellement conscience – va choisir une politique de défense.
Certes, il est de bon ton d’affirmer que depuis des années la défense fait l’objet d’un large consensus entre Gauche et Droite, la dissuasion nucléaire restant la pierre angulaire. Or, la fragmentation d’un monde multipolaire où les tensions se sont transformées en crises ouvertes, voire en guerres, a aussi un impact sur notre politique de défense et sur les grandes orientations à venir.
Il était donc de la responsabilité de la Revue de participer au débat politique en demandant aux candidats de s’exprimer. Cette longue séquence électorale avait commencé à l’automne avec les primaires de la Droite et du Centre puis avec celles de la Belle Alliance Populaire. Nous avions ainsi publié les projets Défense de la plupart des prétendants à la qualification. À quelques jours du premier tour, ce sont sept candidats, sur les onze qualifiés, qui s’expriment dans les pages de la Revue. L’exhaustivité n’a pu être atteinte, soit par des dépôts de candidature trop tardifs, soit par l’absence d’avis sur la défense (sic !).
Il y a certes des points de convergences : la dangerosité croissante du monde avec le terrorisme islamiste, mais aussi le retour des États-puissance comme la Russie ou la Chine, ou encore les conséquences du Brexit et les errements de la nouvelle Administration Trump. Mais il y a aussi des divergences très profondes, notamment au sujet de l’Otan et de l’Union européenne. Certains prévoient le retrait pur et simple de l’Alliance atlantique et des structures européennes, et une défense strictement assurée par nos forces, sans coopération structurée avec nos partenaires. Ce basculement stratégique serait couplé à un dialogue avec la Russie de M. Poutine. Par contre, il existe désormais une fenêtre d’opportunité pour la France de dynamiser enfin le projet européen d’une défense partagée, en y associant également l’Otan, dans la mesure où les faits récents – Brexit, élection américaine – ont réveillé les consciences européennes. La paix n’existe pas que par la volonté mais aussi avec les outils militaires nécessaires. Et dans un monde où le rapport de force est redevenu l’Alpha et l’Omega des relations internationales, il est urgent de renforcer notre défense en lui donnant notamment des budgets accrus. C’est la fameuse barre des 2 % du PIB. Bien sûr, ce seuil nécessite une vraie réflexion et des choix argumentés, tant qualitatifs que quantitatifs, et s’appuyant sur un calendrier défini par la prochaine LPM.
Autant d’enjeux et de pistes proposés dans ce dossier « Présidentielle ». Les électeurs doivent maintenant exprimer clairement leurs choix, mais il appartiendra au futur Président et à sa majorité de conduire une politique de défense crédible pour répondre à des menaces non seulement croissantes et n’épargnant personne. Le monde de 2017 est dangereux. En cinq ans, notre pays a dû affronter des épreuves dramatiques tant à l’extérieur de ses frontières que sur son territoire avec les attaques terroristes. Nos forces sont engagées pour défendre nos concitoyens, nos intérêts mais aussi pour rétablir la sécurité et la paix dans des territoires en proie à la guerre. Il est donc urgent et vital de donner les moyens d’agir et de vaincre aux hommes et aux femmes qui servent sous le drapeau de la Nation. ♦
Les noms des candidats pour le dossier « Présidentielle : questions de défense » apparaissent en couverture suivant l’ordre alphabétique et dans le sommaire suivant l’ordre d’arrivée des textes à la rédaction.