L’action des Armées est essentielle pour participer à la sécurité nationale et la stabilité internationale. Il faut donc leur donner les moyens d’agir en renforçant l’effort budgétaire et en amplifiant la politique suivie. L’Europe de la défense et l’Otan doivent se rapprocher et la France a un rôle à jouer.
The Action of Armed Forces: National Security and International Stability
The action of the armed forces is an essential part of ensuring national security and international stability. We must therefore give them the means to act by increasing budgetary effort and strengthening our chosen policy. European defence and NATO need to come closer, and France has a role to play in that move.
De façon générale, ces mouvements de fond accroissent l’incertitude stratégique devenue une constante depuis les attentats du 11 septembre 2001, incertitude stratégique que les Livres blancs de 2008 et 2013 avaient mesurée à l’aune du moment. Ces différentes évolutions déstabilisent un peu plus un système international en proie à une incapacité croissante à conjurer les crises. En témoignent les crises syrienne et yéménite, l’absence de retenue de Pékin en mer de Chine, l’annexion pure et simple de la Crimée par la Russie au mépris de tous les traités qui garantissaient la sécurité du continent européen et du droit international le plus élémentaire… À cela, il faut ajouter, pour nous Européens, le défi du Brexit.
Cette situation valide notre modèle de défense qui a su faire preuve de suffisamment de souplesse pour mobiliser près de 10 000 hommes dans le cadre de l’opération Sentinelle, alors que les armées étaient déjà fortement sollicitées par les opérations dans la bande sahélo-saharienne et les débuts de l’opération Barkhane.
Elle le valide dans ses deux options fondamentales que sont la dissuasion nucléaire, qui retrouve une véritable actualité avec le retour des États-puissances et sa faculté à entrer en premier sur un théâtre supposant une capacité de projection de force, unique désormais au sein de l’Union européenne. Il ne faut en aucun cas négliger la protection du territoire comme nous l’ont cruellement rappelé les attentats qui ont ensanglanté notre sol.
Quelles sont, selon vous, les implications pour notre défense de l’évolution d’un contexte stratégique marqué, notamment par la nouvelle politique des États-Unis, les attitudes de la Russie et de la Chine, la déstabilisation du Moyen-Orient ainsi que par la fragilité de l’Afrique ?
Le chef d’état-major des Armées a publiquement plaidé pour que la prochaine LPM retienne l’objectif d’une ressource de 2 % du PIB (hors pensions) affectée à l’effort de défense au plus tôt. Souscrivez-vous à cet objectif que la plupart des experts considèrent comme indispensable pour maintenir les capacités de nos armées ?
Il existe un consensus général sur le fait que nos forces ont été largement surengagées au cours des dernières années par rapport aux moyens qui leur étaient alloués. Pensez-vous que, compte tenu de l’instabilité dans le monde et notamment en Afrique, les interventions extérieures puissent être réduites à l’avenir ? Seriez-vous en faveur de l’instauration d’un budget spécial pour les Opex ?
La modernisation de la dissuasion nucléaire est d’ores et déjà engagée par la présente LPM (sous-marins SNLE 3G et ASMP-NG) et des contrats ont été passés avec les entreprises concernées. Toutefois, un certain nombre d’échéances lourdes se présentent à l’horizon 2025. Comment pensez-vous que nous devions nous y préparer, dès à présent, et éviter, en l’absence de décisions dès 2018, une possible déperdition d’un potentiel national d’expertise technologique et industriel ?
Estimez-vous, avec le nouveau Président américain, que l’Otan est une « Alliance obsolète » ? Que proposeriez-vous, le cas échéant, pour la rénover et y donner un rôle plus important aux Européens ?
La France plaide, depuis de nombreuses années, pour une politique de défense et de sécurité européenne plus affirmée et plus efficace. Pensez-vous que les nouvelles orientations de la politique américaine justifient une accentuation de cet effort en liaison avec l’Allemagne ou avec le Royaume-Uni, malgré le Brexit ?
L’opération Sentinelle ainsi que la posture permanente de sécurité de l’Armée de l’air et de la Marine ont montré l’engagement de nos armées sur le territoire national. Comment voyez-vous évoluer ces formes d’action militaire ? Comment voyez-vous le développement du lien Armée-Nation dans le contexte sécuritaire actuel ? Quelle place pour les militaires dans la Nation ?
Hors Opex, les rémunérations des militaires de différentes catégories s’inscrivent, dans presque tous les cas, en deçà de celles de leurs équivalents civils, et même d’autres secteurs de la fonction publique. Seriez-vous favorable à la mise en œuvre, comme en Grande-Bretagne et aux États-Unis, de Commissions indépendantes chargées d’assurer une certaine parité de l’évolution des rémunérations ?
Les Livres blancs précédents ont été élaborés dans le cadre de Commissions dont la composition a varié – comprenant d’ailleurs peu de militaires – mais qui ont toutes entraîné un délai minimum d’un an pour l’élaboration du cadre de la nouvelle LPM. Seriez-vous en faveur de la mise en place, dès votre élection, d’une procédure plus rapide et moins lourde ?
Quelle est votre perception personnelle de nos armées à la veille d’une échéance majeure ?