Il faut une nouvelle ambition pour notre Défense avec une vraie politique efficace et exigeante autour d’une dissuasion rénovée, de forces bien dotées et entraînées, recentrées sur leur métier opérationnel et intégrées dans la Nation, au service de la sécurité et de la diplomatie.
The Armed Forces: an Instrument Serving Security and Diplomacy
A new ambition is required for our defence, with a genuinely effective and exacting policy based on updated deterrence and well trained and equipped forces refocused on their operational tasks and integrated within the nation in the service of security and diplomacy.
La vocation de notre Défense est de protéger notre territoire, nos ressortissants et nos intérêts vitaux. Le contexte sécuritaire auquel notre pays doit faire face est instable et dangereux. Les menaces sont de plusieurs ordres. Le totalitarisme islamique est un puissant facteur de déstabilisation le long d’un arc de crise qui va du Sahel jusqu’au Levant, et il nous cible également sur notre propre territoire et dans les autres pays européens et occidentaux.
Par ailleurs, les États puissances augmentent leurs budgets de défense, dans un contexte de crises à nos approches orientales, en particulier en Ukraine, et de tensions en mer de Chine. Les mers du globe et notamment notre zone économique exclusive concentrent des enjeux géopolitiques majeurs et des dangers qui ne se limitent pas à la piraterie. Ces différents risques doivent être analysés à la lumière d’une situation nouvelle, marquée par l’impossibilité de prévoir la posture internationale des États-Unis, notamment par rapport à l’Otan. Nous devons en tirer toutes les conclusions en préservant les fondamentaux de notre Défense, en particulier notre capacité de combat de haute intensité et notre dissuasion, et plaçant l’ensemble des États européens devant leurs responsabilités pour la sécurité du continent.
Le chef d’état-major des Armées a publiquement plaidé pour que la prochaine LPM retienne l’objectif d’une ressource de 2 % du PIB (hors pensions) affectée à l’effort de défense au plus tôt. Souscrivez-vous à cet objectif que la plupart des experts considèrent comme indispensable pour maintenir les capacités de nos armées ?
Le chef d’état-major des Armées a parfaitement le droit d’exprimer ce qu’il estime être les besoins de nos forces pour les prochaines années, même s’il a depuis revu son estimation devant la Commission de la défense de l’Assemblée nationale. J’observe cependant que le gouvernement actuel, qui partira en laissant une ardoise de plusieurs milliards d’euros, reçoit au global assez peu de critiques sur sa gestion qui en encourt pourtant plusieurs.
Quelles sont, selon vous, les implications pour notre défense de l’évolution d’un contexte stratégique marqué, notamment par la nouvelle politique des États-Unis, les attitudes de la Russie et de la Chine, la déstabilisation du Moyen-Orient ainsi que par la fragilité de l’Afrique ?
Le chef d’état-major des Armées a publiquement plaidé pour que la prochaine LPM retienne l’objectif d’une ressource de 2 % du PIB (hors pensions) affectée à l’effort de défense au plus tôt. Souscrivez-vous à cet objectif que la plupart des experts considèrent comme indispensable pour maintenir les capacités de nos armées ?
Il existe un consensus général sur le fait que nos forces ont été largement sur-engagées au cours des dernières années par rapport aux moyens qui leur étaient allouées. Pensez-vous que, compte tenu de l’instabilité dans le monde et notamment en Afrique, les interventions extérieures puissent être réduites à l’avenir ? Seriez-vous en faveur de l’instauration d’un budget spécial pour les Opex ?
La modernisation de la dissuasion nucléaire est d’ores et déjà engagée par la présente LPM (sous-marins SNLE 3G et ASMP-NG) et des contrats ont été passés avec les entreprises concernées. Toutefois, un certain nombre d’échéances lourdes se présentent à l’horizon 2025. Comment pensez-vous que nous devions nous y préparer, dès à présent, et éviter, en l’absence de décisions dès 2018, une possible déperdition d’un potentiel national d’expertise technologique et industriel ?
Estimez-vous, avec le nouveau Président américain, que l’Otan est une « Alliance obsolète » ? Que proposeriez-vous, le cas échéant, pour la rénover et y donner un rôle plus important aux Européens ?
La France plaide, depuis de nombreuses années, pour une politique de défense et de sécurité européenne plus affirmée et plus efficace. Pensez-vous que les nouvelles orientations de la politique américaine justifient une accentuation de cet effort en liaison avec l’Allemagne ou avec le Royaume-Uni, malgré le Brexit ?
L’opération Sentinelle ainsi que la posture permanente de sécurité de l’Armée de l’air et de la Marine ont montré l’engagement de nos Armées sur le territoire national. Comment voyez-vous évoluer ces formes d’action militaire ? Comment voyez-vous le développement du lien Armée-Nation dans le contexte sécuritaire actuel ? Quelle place pour les militaires dans la Nation ?
Hors Opex, les rémunérations des militaires de différentes catégories s’inscrivent, dans presque tous les cas, en deçà de celles de leurs équivalents civils, et même d’autres secteurs de la fonction publique. Seriez-vous favorable à la mise en œuvre, comme en Grande-Bretagne et aux États-Unis, de Commissions indépendantes chargées d’assurer une certaine parité de l’évolution des rémunérations ?
Les Livres blancs précédents ont été élaborés dans le cadre de Commissions dont la composition a varié – comprenant d’ailleurs peu de militaires – mais qui ont toutes entraîné un délai minimum d’un an pour l’élaboration du cadre de la nouvelle LPM. Seriez-vous en faveur de la mise en place, dès votre élection, d’une procédure plus rapide et moins lourde ?
Quelle est votre perception personnelle de nos Armées à la veille d’une échéance majeure ?