En mars 2012, la France découvre avec horreur qu’un Français ⁽¹⁾ assassine ses concitoyens en se réclamant d’une idéologie extrémiste musulmane. Depuis, 239 personnes sont mortes sur le territoire français, assassinées lors d’attentats perpétrés au nom de la même mouvance. En juillet 2014, à Mossoul, Abou Bakr al-Baghdadi proclame le califat au « Levant » ⁽²⁾ et la conquête de cette région menace alors Bagdad en quelques jours. Des citoyens français rejoignent cet « État islamique » pour combattre avec lui en Syrie comme en Irak. Au sein de la société française, un malaise s’installe entre une « communauté musulmane » prise en otage par des extrémistes salafistes et une population attachée au principe de laïcité. La polarisation des extrêmes guette la société française et le besoin de repenser la cohésion nationale est de plus en plus indispensable pour rétablir, là où cela est nécessaire, un désir de « vivre ensemble ». Comment la communauté nationale peut-elle se forger des armes pour lutter contre ces risques sociétaux qui menacent de détruire la Nation de l’intérieur ?

Le contexte

Le choix d’une armée de professionnels a été fait il y a vingt ans et plus personne ne le remet en cause. Dans un environnement toujours plus complexe, avec le retour de combats plus durs et la nécessité d’une technicité accrue, l’armée de métier marque la volonté de faire face sur tous les terrains avec une efficacité et une rapidité qui sont à l’honneur de la France.

Toutefois, l’instabilité du monde conduit à revoir la défense du pays. La menace qui prévaut aujourd’hui ne nécessite pas seulement des forces armées mais aussi des forces morales. La défense de la Nation requiert la vigilance de tous ses citoyens. La société tout entière doit être consciente des enjeux de défense et de sécurité auxquels notre pays fait face et en être actrice à part entière. Pour les citoyens, plusieurs modalités d’action sont possibles. La plus évidente peut être de s’engager dans l’armée d’active ou la réserve. Cependant, ce choix ne peut concerner qu’une fraction des Français particulièrement motivés pour dédier tout ou partie de leur temps à la défense du pays par les armes. Mais pour que toute la population participe à l’effort national, il faut inventer autre chose. Sensibiliser les citoyens au rôle important qu’ils peuvent jouer dans la défense du pays mais aussi agir sur ce qu’il y a de plus profond, ce qui fait une nation : le lien social. Cet enjeu nécessite de réinventer la notion de service national pour que les forces morales soient à la hauteur du défi.