La crise de 1917 a été de manière injustifiée assimilée à la mutinerie. En fait, il s’agissait d’une usure morale profonde de la troupe après l’échec de l’Offensive Nivelle. Les mesures pragmatiques prises par Pétain permirent le redressement des unités. Ce n’est qu’après-guerre qu’une dimension politique fut donnée à cette crise.
La crise de 1917 et le redressement du moral
The Crisis of 1917 and the Recovery of Morale
The Crisis of 1917 was, in an unjustified manner, taken for mutiny. However, it actually concerned a deep moral erosion of the company after the failure of the Nivelle Offensive. The pragmatic measures taken by Pétain permitted the units’ recovery, but it was not until after the war that a political dimension was given to this crisis.
L’échec de l’offensive Nivelle déboucha sur une grave crise du moral, qui est passée à la postérité sous le nom de « Crise des mutineries ». En fait, ce terme est inexact, car il ne reflète pas la véritable réalité des choses. Le terme de mutinerie s’applique essentiellement à la Marine où, dans des circonstances exceptionnellement graves, l’équipage se révolte et prend le commandement du bâtiment en lieu et place des officiers qui, le plus souvent, sont d’ailleurs supprimés. Rien de tel dans l’armée française en mai-juin 1917. Aucun officier ne fut assassiné ni même dépossédé de son commandement. Les très rares voies de fait physiques envers des officiers l’ont souvent été de la part de soldats alors sous l’emprise de l’alcool. Il s’agit en réalité de faits de désobéissance collective.
Les causes de la crise du moral
Quasiment de façon simultanée avec sa prise de commandement, Pétain se trouva confronté à une dramatique crise du moral : des incidents d’une nature très grave se multipliaient au sein des unités : actes d’indiscipline, refus collectifs de monter en ligne et rassemblements de révoltés, décidés, disaient-ils à se rendre à Paris pour exiger du gouvernement la fin des hostilités. Ce qui est inquiétant, c’est qu’outre les unités qui avaient été directement impliquées dans l’offensive d’avril 1917, le mouvement touchait également des formations au repos ou dans les cantonnements de l’arrière, non affectées par l’offensive Nivelle.
Même si elles n’apparaissent pas d’emblée très perceptibles, les causes profondes et réelles en sont une réelle lassitude face à la durée de la guerre, exacerbée par la très grande déception provoquée par l’échec de l’offensive Nivelle sur laquelle de – trop – grands espoirs avaient été fondés. Même si, sur le moment, certains, comme le général Franchet d’Espèrey (1), estiment l’origine du mouvement comme étant d’ordre révolutionnaire, il n’en est rien.
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