Dans cet article, l'auteur montre d'abord que personne n'a répondu à la question du Premier ministre sur la part maximum des ressources nationales qu'un pays peut consacrer à sa défense. Dans les documents présentés récemment par l'UDF et le RPR il est frappant de constater que les deux partis ne fixent le prélèvement de la richesse nationale que par comparaison avec ce qui se fait dans les pays voisins et alliés. Experts civils et experts militaires sont rarement réunis dans des équipes communes, constate l'auteur, et les documents récents publiés par le VIIIe plan (cf. « Économistes et militaires », Georges Outrey, RDN, juin 1980) sont là pour le prouver. Il en vient à douter de la validité de la notion française de défense, issue de l'ordonnance de janvier 1959, pour constater son échec dans les domaines non militaires. La raison, pense-t-il, en est une conception qui juxtapose des éléments sans les intégrer. Il propose alors une institution nouvelle chargée de cette intégration. On peut penser aussi que les institutions actuelles sont peut-être suffisantes, si elles sont animées par une ferme volonté. Machiavel a oublié de dire que la multiplication des organisations est aussi un mal. Le débat reste ouvert.
Libre opinion - La défense, c'est plus que la défense
« Il n’y a point d’entreprise plus difficile à conduire, plus incertaine quant au succès, et plus dangereuse que celle d’introduire de nouvelles institutions. Celui qui s’y engage a pour ennemis tous ceux qui profitaient des institutions anciennes, et il ne se trouve que de tièdes défenseurs dans ceux pour qui les nouvelles seraient utiles ».
Machiavel
Dans un discours resté célèbre, le Premier ministre posa, il y a quatre ans (1), la question suivante : « Quelle est la part maximum des ressources nationales qu’un pays peut, dans une période donnée, consacrer à sa défense, sans pour autant freiner l’expansion de son économie et par voie de conséquence son effort de défense à plus long terme ? ».
Le chef du gouvernement énonçait ainsi, dans toute son ampleur, le problème des rapports entre l’économie et la défense. Ces rapports sont souvent antagonistes. Mais ils sont également intimes, ce qui rend leur analyse difficile. Les dépenses de défense peuvent être considérées à la fois comme un frein et comme un adjuvant à la croissance économique. Elles sont indiscutablement un frein dans la mesure où elles représentent un prélèvement important – de l’ordre de plus de 3 % en France – sur la richesse nationale. Ce prélèvement interdit que l’on puisse répondre à certains besoins civils qui, s’ils étaient satisfaits, accroîtraient le niveau de vie de la population. Tant que l’on reste en temps de paix, la production de biens et de services militaires est stockée et donc, en quelque sorte, stérilisée.
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