Une des manières d'aborder les problèmes de désarmement est d'étudier les dépenses militaires de chaque nation pour juger de leur importance et les comparer entre elles pour ensuite évaluer leur impact sur l'économie de chacune de ces nations et sur l'économie mondiale. Cette étude peut alors permettre de reporter tout ou partie de ces dépenses sur d'autres problèmes. L'auteur nous montre les difficultés auxquelles cette voie se heurte en pratique. Il en vient à se poser une question, qui est fondamentale dans tous les problèmes de cette nature : le désarmement, au lieu d'être une cause de réduction des tensions internationales, n'en est-il qu'une conséquence ?
Le concept de dépenses militaires
Lorsque Alexei Gromyko suggéra, en 1973, une réduction comparable de tous les budgets militaires destinée à favoriser le développement des pays du Tiers Monde, le représentant américain fit observer d’une part que le désarmement et l’aide aux pays en voie de développement n’étaient pas des actions liées et, d’autre part, que la mesure des budgets militaires méritait une étude approfondie, compte tenu des divergences de conceptualisation. L’Organisation des Nations Unies, à la suite d’une proposition américaine de définition internationale des dépenses militaires permettant le contrôle des réductions de l’effort économique en matière militaire, créa alors un groupe d’experts chargé d’étudier le problème technique de la réduction des budgets de défense nationale. Ce comité d’experts avait pour objectif :
1. de définir et de mesurer l’ampleur du secteur militaire ;
2. de classer les dépenses effectuées ;
3. de définir les relations entre les ressources et la production militaire ;
4. de déterminer les coefficients de correction des fluctuations de prix, afin de permettre des comparaisons dans le temps et dans l’espace ;
5. de réfléchir à la comparaison internationale des valeurs et taux de change applicables à la production militaire (1).
L’Organisation des Nations Unies s’efforce donc de construire une formule de publication des informations militaires qui constituerait un système normalisé de connaissances des dépenses militaires dans le monde. L’intérêt de cette initiative est considérable car, en l’absence d’une conceptualisation internationale, toute tentative de réduction des dépenses militaires est vaine. En 1980, malgré des efforts non négligeables de la part des organisations internationales, il faut bien avouer que les résultats obtenus sont très faibles, parce que l’imprécision du concept de dépenses militaires permet aux gouvernants à la fois de conserver le secret sur les potentialités réelles de leurs dépenses militaires et de réduire artificiellement le montant déclaré de l’effort de défense nationale imposé aux citoyens.
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