Dupuy de Lôme n’a pas été qu’un grand ingénieur maritime. Il fut aussi un homme politique actif sous le Second Empire et s’est également investi au service de l’industrie privée, en favorisant les transferts des technologies innovantes mises au point pour la marine de guerre. Son héritage reste considérable et son parcours professionnel d’une grande modernité.
Dupuy de Lôme entre Lorient et Toulon (2/2)
Dupuy de Lôme Between Lorient and Toulon(2/2)
Dupuy de Lôme was not only a great marine engineer, he was also an active politician in the Second Empire and was committed to the service of private industry, where he encouraged the transfer of innovative technologies that had been honed for use in military naval service. In his professional activity he embraced modernity, leaving a remarkable heritage.
La guerre de Crimée à partir d’octobre 1854, tout en confirmant la supériorité de la flotte à vapeur, va condamner les bordages en bois. Les obus de Sébastopol font des dégâts importants sur les navires de la flotte impériale. La démonstration de la résistance aux obus d’une cuirasse en fer est faite par des batteries flottantes cuirassées qui font taire victorieusement les canons de la forteresse de Kinburn protégeant Odessa (1). Appelé en novembre 1856 à Paris avec l’amiral Jurien de La Gravière et le directeur du matériel Lavrignais pour préparer le rapport demandé par Napoléon III sur la transformation de la flotte, Dupuy de Lôme bénéficie des conditions favorables pour lancer son projet de frégate cuirassée, la Gloire (1858-1859). C’est un vapeur – avec la même machine que celle du Napoléon – en bois cuirassé. L’allégement, obtenu par une réduction des gréements et de la voilure, et par la suppression d’un pont, fournit la possibilité de recouvrir les flancs d’une cuirasse. Sur la coque en bois, des plaques de fer de 100 à 120 millimètres d’épaisseur sont fixées jusqu’à 5,50 mètres au-dessus de la ligne de flottaison et 2 mètres en dessous. Ce cuirassé, paré pour la défense, est aussi pourvu pour l’attaque avec 36 canons rayés placés devant les sabords aménagés dans le blindage et un éperon qui permet de fendre tout bâtiment ennemi passant à sa portée. Si la Gloire, comme le Napoléon, est construite à l’arsenal de Toulon, l’arsenal de Lorient, sur des plans de Dupuy de Lôme comme dans les autres arsenaux, construit et lance un bâtiment dans le prolongement du Napoléon, et surtout un vaisseau cuirassé à éperon, quatre frégates dont trois cuirassées, une corvette et un garde-côte cuirassés du type Gloire.
Mais l’histoire des cuirassés en fer, c’est à Lorient qu’elle commence par la construction et le lancement, en 1861, de la Couronne, la première frégate cuirassée en fer, à hélice, de 900 CV, conçu par l’ingénieur Audenet, qui franchit le pas qui sépare un bâtiment en bois bardé d’une cuirasse en fer du cuirassé en fer. Mais Henri Dupuy de Lôme est à la direction des constructions navales du ministère depuis 1857. On ne peut que constater que la décision est prise en août 1858 et que les procédures habituelles sont transgressées pour lancer le programme de ce deuxième prototype de la flotte cuirassée après la Gloire (2). Mais il ne faut pas en tirer des conclusions hâtives sur son rapport avec Lorient. Si l’on prend en considération l’ensemble des navires construits sur des plans de Dupuy de Lôme, en excluant les canonnières en bois et les batteries flottantes démontables, l’arsenal de Lorient a construit 9 des 51 unités en sachant que, durant l’Empire, la mobilisation des cinq arsenaux pour construire la nouvelle flotte à vapeur et cuirassée est forte. Si l’on prend le dossier de la Couronne conçue par Audenet et qui constitue une étape supplémentaire après la Gloire, il faut raison garder. Il est évident que le nouveau directeur du matériel a décidé que ce prototype se ferait à Lorient, alors qu’il faut créer de toutes pièces des ateliers des bâtiments en fer au-dessus de la cale 5. La procédure d’urgence suivie rompt avec le cheminement classique des dossiers et le Conseil des travaux doit s’en remettre aux concepteurs lorientais des ateliers et à leur évaluation, Audenet, ingénieur des constructions navales et Le Bouëdec, ingénieur des travaux hydrauliques. Entre l’injonction au préfet maritime en septembre 1858 et l’ouverture des ateliers de haute technologie en mars 1859, il ne faut que six mois, ce qui est exceptionnel.
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