L’Empire de Russie entre en guerre à l’été 1914, apparaissant comme l’allié le plus puissant de l’Entente, ne serait-ce que par la masse de soldats mobilisés. Or, les faiblesses structurelles de l’armée seront fatales jusqu’à provoquer la chute du tsarisme et la mise en place du régime bolchevique qui sut profiter de la crise de 1917.
La Russie dans la guerre (1914-1917)
Russia at War (1914-1917)
The Russian Empire entered the war in the summer of 1914, and seemed the most powerful ally of the Entente, if only by the vast number of soldiers it had mobilised. The structural weaknesses of the army ultimately proved fatal and went as far as provoking the fall of the Tsar and the establishment of the Bolshevik regime, which was able to flourish from the crisis of 1917.
Faisant figure d’alliée la plus puissante de l’Entente, l’armée russe de 1914 cache des faiblesses qui ne tarderont pas à se révéler au grand jour au cours des opérations, et qui, in fine, provoqueront la révolution, la chute du tsarisme et l’instauration du régime bolchévique.
Le mythe du rouleau compresseur russe
Alignant 70 divisions d’active en temps de paix et susceptible de pouvoir mobiliser plus de 10 millions d’hommes, l’armée russe fait figure de « rouleau compresseur » que rien ne pourrait stopper.
Pour la France, l’Alliance russe fonctionnait comme une alliance de revers. À ce titre, pour empêcher de se trouver face aux forces réunies du Reich, l’état-major français misait sur une offensive initiale russe destinée à fixer le maximum de moyens allemands à l’Est. Pour que cette idée stratégique prît corps, il était donc indispensable que les Russes lançassent d’emblée une offensive contre l’Allemagne. Or, comme la Russie se trouvait en compétition dans les Balkans avec l’Autriche, ce n’était pas l’Allemand l’ennemi principal de la Russie, mais l’Autrichien. C’est ainsi que cette idée stratégique ne cadrait pas avec les intérêts immédiats de Saint-Pétersbourg. C’est la raison pour laquelle, faute de pouvoir lancer une offensive en direction de la Galicie autrichienne, l’état-major russe n’a pas opté pour une puissante offensive sur la direction la plus menaçante pour les Allemands, Vistule-Oder-Berlin, mais, s’est contenté d’une offensive avec deux armées (Rennenkampf et Samsonov) en Prusse orientale. Néanmoins, avant d’être contrée par le tandem Hindenburg-Ludendorff à Tannenberg, cette offensive avait atteint son but stratégique, puisque, affolé, Moltke avait fait basculer deux corps d’armée du front français vers la Prusse orientale, moyens qui lui feront gravement défaut sur la Marne.
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