Editorial
Éditorial
La guerre est hélas un accélérateur de technologies et de progrès… Depuis l’Antiquité, soldats, savants et ingénieurs ont mis en commun leurs ressources pour concevoir, développer et utiliser des armements plus perfectionnés afin de gagner la guerre. Et bon nombre d’innovations ont bénéficié de cette longue marche, avec à chaque fois l’espoir que la victoire serait synonyme d’une paix définitive. Le centenaire de la Grande Guerre en est une illustration avec certes l’industrialisation terrifique du champ de bataille, mais aussi l’accélération de la mécanisation, le développement de l’aviation, l’essor de la radio et la médecine d’urgence qui permit de sauver des milliers de combattants malgré leurs blessures.
Dans un monde instable où les rapports de force en viennent à remplacer les mécanismes de régulation mis en place depuis 1945, notre défense se doit de préparer demain, d’anticiper les futures formes de conflits et de donner à notre pays les moyens de sa défense. Cela signifie « Innover ». Non pas pour suivre l’air du temps où le mode start-up serait la panacée, mais bien pour répondre à de multiples défis, dont le numérique et l’intelligence artificielle. En effet, avec cette quatrième révolution industrielle, de nouveaux champs de conflictualité s’ouvrent devant nous, obligeant à la fois à des réponses différentes mais aussi à une éthique de responsabilité. Cela d’autant plus que certains États ou d’autres entités comme les terroristes se réclamant du djihad islamiste, ne reculeront devant aucune barrière morale pour parvenir à leurs fins.
Au moment où la Loi de programmation militaire 2019-2025 devient une réalité législative, la RDN propose à ses lecteurs plus qu’un dossier, mais bien une réflexion structurante qui va au-delà de la description des projets actuels et des mécanismes mis en place pour soutenir l’innovation. C’est bien un projet global, s’appuyant sur la réalité d’aujourd’hui, regardant avec attention le retour d’expérience, qui permettra de préparer demain, en ayant toujours comme perspective l’engagement opérationnel qui est la finalité ultime pour nos forces armées.
Cet engagement opérationnel est bien ce socle commun, forgé par notre Histoire et l’Esprit de corps, qui doit conduire notre action.
Car, au-delà des inventions, des techniques, des processus et des innovations, la réalité du terrain est la seule qui compte, la seule que le soldat – quel que soit son statut – doit affronter.
Le sacrifice ultime librement consenti par le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame nous rappelle cette brutale réalité de la guerre et de la violence. Et que les Armées de la France sont le bouclier et l’épée face à la barbarie.
NDR : je remercie particulièrement l’administrateur civil hors classe (ACHC) Fried Tsiporah pour son aide apportée dans la constitution du dossier « Préparer demain : innover et anticiper ». ♦