Editorial
Éditorial
Après l’hiver coréen, le printemps du dégel… En quelques semaines, bénéficiant de l’effet de la trêve olympique, les tensions autour de la Péninsule coréenne ont diminué sous l’effet d’une conjonction des astres favorables. Certes, il y avait les Jeux olympiques d’hiver organisés par Séoul, mais il y avait aussi la certitude pour Pyongyang d’avoir atteint ses objectifs : être désormais une puissance nucléaire. C’est le résultat d’un demi-siècle d’une politique acharnée, secrète, voire fourbe, mais qui a permis à Kim Jong-un, le troisième de la dynastie, d’assurer la pérennité de son régime.
On pourrait, dès lors, croire qu’après des mois de rhétorique virile alimentée par des tweets parfois hystériques, un nouveau temps des « dividendes de la paix » s’ouvrirait. Il faut rester réaliste car les déséquilibres internationaux ne cessent de s’accroître et de créer des tensions majeures. Ainsi, les récentes frappes alliées en Syrie contre des installations chimiques ont rappelé la brutalité de ce conflit dans un contexte régional chaque jour plus chaotique où les rivalités grandissent et où les populations subissent.
Cela signifie que, plus que jamais, notre défense doit être renforcée – c’est la fonction de la Loi de programmation 2019-2025 en cours de discussion au Parlement – mais aussi être innovante pour pouvoir affronter les menaces de demain. La RDN propose ce mois-ci un deuxième dossier sur l’innovation avec des approches différentes qui pourront susciter le débat. Se posent ici des questions éthiques autour de l’intelligence artificielle et le soldat augmenté, avec une certitude : certains États n’auront pas les mêmes barrières morales que nous. De ce fait, cela exige une veille permanente pour ne pas se retrouver un jour face à un adversaire ayant d’emblée acquis une supériorité fonctionnelle, suite à des manipulations prométhéennes de laboratoire.
On peut ici penser à certaines puissances asiatiques aux nouvelles ambitions qui inscrivent leur action dans le temps long de la géopolitique et qui s’estiment déjà assez fortes pour retrouver une vision impériale, s’appuyant à la fois sur une diplomatie du carnet de chèque et la mise en place progressive de points d’appui pour sécuriser leurs voies d’approvisionnement.
Là encore, il importe que notre politique de défense soit construite durablement pour faire face aux surprises stratégiques et au retour du rapport de force. Et comme la RDN s’inscrit dans la durée – avant de fêter son 80e anniversaire en 2019 – il était intéressant de revenir sur un certain mois de Mai où la gendarmerie mobile – avec les CRS – dut faire face à de violentes manifestations. Les savoir-faire, l’expérience et l’entraînement ainsi acquis depuis un demi-siècle ont montré ces dernières semaines la très haute qualité opérationnelle et le comportement professionnel remarquables de nos gendarmes face à des Zadistes dont l’attitude était guidée par l’ultra-violence.
C’est la vertu de notre démocratie – avec ses forces armées et de sécurité – que de savoir affronter toutes les adversités. ♦