Le développement des robots à des fins militaires est une réalité avec les progrès technologiques et l’apport croissant de l’intelligence artificielle. Il est nécessaire de ne pas rater cette évolution vers une armée 4.0. Une réflexion s’impose pour la France si elle ne veut pas se retrouver marginalisée avec cette réalité opérationnelle.
Vers une armée 4.0 ?
Working Towards Army 4.0?
The development of robots for military use is a fact, and draws on the technological progress and growing contribution of artificial intelligence. We must not miss this development in the move towards Army 4.0, and France needs to consider the issues seriously if it is not to find itself left behind in operational matters.
La quatrième révolution économique, dite 4.0, a commencé sans bruit. L’intelligence artificielle (IA) et les « robots » entrent doucement dans notre vie quotidienne : « robot » de recherche sur Internet, taxi autonome à Singapour, logiciel expert Watson d’IBM… Cette nouvelle révolution a cependant une double spécificité qui la différencie des précédentes et fait peser un risque pour la sécurité des États et l’efficacité de leurs armées.
Elle est supranationale. Elle se développe sous l’impulsion de grandes entreprises multinationales – les Gafam, Natu et autres (1). Elles ont la planète comme terrain d’expérimentation et de prospects. Elles disposent de moyens et de budgets d’investissements sans aucune commune mesure avec les nôtres. Apple gère 50 % du flux des données numériques mondiales. Google Inc. contrôle la recherche mondiale dans le numérique où elle va investir 50 milliards de dollars en 2018. Ce montant est à comparer aux 750 M€ de R&D annuels du ministère des Armées, qui est pourtant le premier investisseur étatique européen dans le secteur de la défense !
Les technologies sont très fortement duales. Des groupes terroristes pourront acheter sur étagère des produits civils transformables en armes sans de lourds investissements ni savoir-faire difficiles à acquérir. Insensible au brouillage, un avion autonome pourrait ainsi devenir une arme plus redoutable que les drones aujourd’hui utilisés par Daech. Le plus grand risque vient du détournement des logiciels. L’algorithme d’une IA gérant les accès d’une entreprise se trouvent ainsi connectée au circuit de vidéosurveillance et ayant accès à des bases de données pour les bio data des employés, pourrait aisément devenir le « cerveau » d’armes autonomes notamment des essaims de micro drones… Connectée au web, elle pourrait acquérir seule les caractéristiques de ses cibles disponibles sur Facebook et les réseaux sociaux (photo, adresse…).
Il reste 86 % de l'article à lire
Plan de l'article