Cet article est issu de la conférence faite à un colloque organisé à Hambourg par l'auteur. La question posée peut se résumer en disant que la stratégie de l'Alliance atlantique est essentiellement négative et tend à maintenir un statu quo dans le monde contre un danger rendu possible par l'existence d'un énorme appareil militaire. Ce danger n'est-il cependant qu'une pression destinée à masquer les véritables actions soviétiques dans le tiers monde ? Le problème est donc « moins de savoir comment conduire, au beau milieu de l'Europe, une bataille qui serait fatale à tous — armes atomiques ou armes conventionnelles, défense mobile ou statique — mais de mettre sur pied un système stratégique politiquement valable et capable de sauvegarder les intérêts de l'Occident dans les différentes crises imaginables ». En fait, pense l'auteur, la limitation géographique de l'Alliance l'a rendue incapable d'une stratégie à l'échelle mondiale, face à un adversaire qui en a une.
Libre opinion - La sécurité de l'Europe occidentale
La présence en Europe de l’Est de forces qui dépassent largement les besoins d’une défense normale, l’édification à grands frais d’une flotte soviétique offensive de haute mer dont les pavillons se déploient désormais sur tous les océans, les efforts que fait l’URSS pour pénétrer dans le Tiers Monde et y faire prévaloir son influence, voilà les traits qui dessinent et éclairent le vrai visage de la politique de Moscou.
Dans le cadre d’une telle politique, la détente prend une signification bien différente de celle que lui attribuent la plupart des politiciens occidentaux. Elle ne vise surtout pas le maintien du statu quo. Elle est un concept dynamique, une sorte de processus viral d’infection patiente qui, savamment manipulée, porte en elle de considérables changements. Soyons bien certains que l’Union Soviétique n’est pas moins soucieuse que l’Occident d’éviter une confrontation par les armes. Pourquoi d’ailleurs envisagerait-elle d’agresser l’Europe de l’Ouest ? Les forces du Pacte de Varsovie n’ont pas besoin de franchir le rideau de fer quand tant d’autres voies restent ouvertes aux maîtres du Kremlin pour atteindre, à moindres risques, leurs objectifs politiques.
« L’art supérieur de la guerre », disait Lénine, « consiste à vaincre l’adversaire sans combat ». Cette maxime inspire encore le Kremlin dans l’action qu’il poursuit pour trancher le différend Est-Ouest sans recourir aux moyens militaires, par le seul effet d’une politique souterraine et secrète dont les cheminements indirects usent le moral de l’adversaire et arrachent à l’Occident des abandons successifs propres à le conduire à sa perte.
Il reste 93 % de l'article à lire
Plan de l'article