La défense antimissile connaît depuis quelques années un essor important, en étant présentée comme la panacée par rapport à la dissuasion nucléaire. Il faut garder raison en considérant les aspects techniques – taux d’interception encore faible – et les objectifs politiques qui de fait priment.
Défense antimissile et dissuasion nucléaire
Anti-missile Defence and Nuclear Deterrence
For several years, anti-missile defence has seen considerable growth, being presented as the panacea to nuclear deterrence. We need nevertheless to tread carefully by considering the technical aspects (for example, the currently low intercept rate) and political objectives, which are de facto supreme.
Mon sujet concerne la dimension stratégique des défenses antimissiles, c’est-à-dire essentiellement la défense antimissile balistique du territoire contre les missiles à moyenne et longue portée, et sa relation avec la dissuasion nucléaire.
Nous verrons que s’il s’agit là de l’une des plus vieilles querelles stratégiques, il ne s’agit pas moins d’une question sur laquelle on a souvent des raisonnements trop simples. La défense antimissile peut parfaitement coexister avec la dissuasion, et sa dimension politique est au moins aussi importante que sa dimension militaire. Au bout du compte, le rapport coût/efficacité est le vrai critère de choix.
L’une des plus vieilles querelles stratégiques
C’est apparemment un débat d’experts, mais il touche à des notions presque philosophiques : l’épée contre le bouclier, l’offensive contre la défensive, la passivité contre l’activité… C’est un débat très ancien, qui a commencé dès la fin des années 1940. Il débute véritablement aux États-Unis au début des années 1960, après le déploiement côté soviétique des premiers missiles sol-sol et des premières défenses stratégiques.
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