La confrontation entre l’Inde et le Pakistan se fait sur fond de dissuasion nucléaire. New Delhi s’efforce de dégager une doctrine d’emploi de ses forces pour répondre aux engagements limités, notamment dans la région du Cachemire. Il apparaît cependant que l’Inde n’a pas encore trouvé le mode d’action adéquat.
Le défi nucléaire indien : contrer la stratégie d’escalade pakistanaise
India’s Nuclear Challenge: Countering Pakistan’s Strategy of Escalation
Confrontation between India and Pakistan occurs against a background of nuclear deterrence. New Delhi is attempting to create a use of forces doctrine to respond to limited engagements, particularly in the Kashmir region. It nevertheless seems that India has yet to find the right mode of action.
La politique nucléaire indienne n’a jamais vraiment suivi d’axe précis en raison de la présence de deux adversaires nucléaires qui posaient chacun des défis différents. Aujourd’hui, l’Inde doit faire face à deux problématiques contradictoires : d’une part, elle ne s’est pas encore dotée d’une capacité de dissuasion suffisante face à la Chine même si la relation de dissuasion en elle-même est stable. D’autre part, avec le Pakistan, l’Inde a une capacité de dissuasion nucléaire mature mais la relation de dissuasion reste instable à cause de la stratégie d’escalade nucléaire pakistanaise que l’Inde ne sait pas encore contrer de manière satisfaisante.
Une dissuasion nucléaire indienne différenciée vis-à-vis du Pakistan et de la Chine
À plusieurs égards, le Pakistan n’est pas une priorité de la politique nucléaire indienne. La Chine a en effet progressivement pris cette place. La raison en est claire : l’Inde n’a toujours pas de force de dissuasion qui puisse couvrir tout le territoire chinois. L’Agni-3, missile indien déployé ayant la plus longue portée, peut à peine aller au-delà de la région du Tibet s’il est tiré depuis le centre de l’Inde. Quant à l’Agni-5, qui est en phase de test, sa portée de 5 000 kilomètres ne couvre pas non plus toute la Chine s’il est tiré depuis le sud de l’Inde. Qui plus est, le seul sous-marin lanceur d’engins dont l’Inde dispose pourra transporter un missile dont la portée est de moins de 1 000 kilomètres. Ainsi, vingt ans après que l’Inde se soit autoproclamée État nucléaire, sa capacité de dissuasion vis-à-vis de la Chine reste inadéquate et cela demeure sa principale préoccupation pour le développement de ses forces nucléaires.
Malgré la faiblesse de la dissuasion indienne envers la Chine, la stabilité nucléaire n’est pas une source d’inquiétude. En revanche, la limite frontalière entre les deux pays, toujours en suspens, est une cause de tensions fréquentes. À l’été 2017, les armées indiennes et chinoises se sont retrouvées face à face sur le plateau du Doklam pendant près de deux mois (1). Ce genre de confrontation n’a cependant pas laissé craindre une escalade nucléaire. Cela est notamment dû au fait que les deux parties ont proclamé une doctrine de non-emploi en premier (No First Use), et que l’Inde voit la Chine comme une puissance responsable, du moins lorsqu’il s’agit de la politique d’emploi des armes nucléaires.
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