Les pays d’Asie ont entamé une modernisation de leurs arsenaux sous la pression d’un contexte stratégique tendu. Ils ont aussi comme objectif d’accroître leur autonomie en développant des capacités industrielles à partir de transfert de technologie. La France y a une carte à jouer.
Course aux armements ou modernisation des armées en Asie ?
An Arms Race or Modernisation of Armed Forces in Asia?
Under pressure from a tense strategic situation, Asian countries have begun modernisation of their forces. They have also set themselves the goal of increasing their independence by developing industrial capabilities through technology transfer. France has some cards to play.
Depuis 2012 les dépenses militaires de l’Asie sont supérieures à celles de l’Europe et même si les États européens ont décidé à la suite de la crise ukrainienne ou des troubles moyen-orientaux de faire repartir à la hausse leurs budgets militaires, l’écart est tel qu’il semble irrattrapable (1). Les budgets de l’Armée populaire de libération (APL), soit 290 milliards de dollars en 2017 et des Forces japonaises d’autodéfense (FJA), soit 42 milliards en 2017 représentent 51,5 % des dépenses militaires de l’ensemble de la zone Asie-Pacifique. La Chine à elle seule pèse pour 42 % du montant global. Avec 73 milliards, l’Asie centrale et méridionale concourt pour 16 % des dépenses militaires dans la zone, confortée par le budget indien (50 milliards) et le budget pakistanais (8,7 milliards) mais laissant loin derrière les budgets bangladeshi ou sri-lankais. Avec des budgets militaires plus modestes, l’Asie du Sud consacre 41,9 milliards à son environnement sécuritaire, soit 10 % des dépenses militaires de la zone Asie-Pacifique. Enfin l’Océanie, dont les dépenses militaires atteindraient 10 %, met en évidence le quasi-monopole des dépenses militaires australiennes. Ces estimations relativisent d’emblée les efforts d’armement propres à chacune des zones asiatiques. La Chine populaire s’affirme comme la « superpuissance » de la région, loin devant tous les autres États asiatiques qui inscrivent leurs dépenses militaires en complément ou en réaction.
Une nouvelle course aux armements ou une modernisation des armées en Asie ?
L’hypothèse d’une course aux armements faisant rage en Asie s’est peu à peu imposée dans le contexte stratégique de l’Asie-Pacifique attisée par la rivalité entre la Chine et les États-Unis. L’accélération des dépenses militaires et la multiplication des achats ou la construction de nouveaux sous-marins par la Chine, le Japon, la Corée du Sud, le Viêt Nam [Vietnam], la Malaisie, Singapour, l’Indonésie, l’Inde et encore récemment, l’Australie ou la Thaïlande sont venus en conforter l’idée forte. L’ensemble de ces sous-marins sont, sauf dans le cas de la Chine ou du Japon, achetés en dehors de la zone. En Asie du Sud-Est et en Asie du Sud, les pays ont engagé de vastes programmes d’achat en recourant largement aux importations faute d’industries locales (2). Dans les vingt-cinq prochaines années, l’Asie devrait rassembler jusqu’à la moitié du parc mondial des sous-marins ; il pourrait en être de même dans le domaine des avions de combat.
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