La surveillance sous-marine en Asie est un fait majeur, pendant longtemps dominée par les systèmes américains et japonais, sans cesse en modernisation pour être plus performants. La Chine, dont les sous-marins sont encore bruyants, s’efforce de rattraper son retard avec des installations immergées de détection.
Les enjeux de la surveillance sous-marine en Asie
Upping the Stakes of Submarine Surveillance in Asia
Submarine surveillance in Asia has for long been dominated by American and Japanese systems that have been continually modernised to improve performance. Whilst China’s submarines remain noisy, the country is catching up with underwater detection systems.
La signature acoustique d’un sous-marin indiscret se propage et s’entend à des centaines de kilomètres au milieu de l’océan et à seulement une dizaine de nautiques par faibles profondeurs, près des côtes. Inversement, les puissants sonars actifs fonctionnent mal en eaux peu profondes, leur signal s’atténuant dans le bruit de fond, générant une multitude d’échos. Pendant la guerre froide, le réseau de senseurs d’écoute passive américain SOSUS (SOund SUrveillance System) a joué un rôle central. Déployé dans l’espace entre le Groenland, l’Islande et le Royaume-Uni – le « GIUK » – il détectait les tonales prononcées des moteurs diesels des sous-marins conventionnels aspirant l’air près de la surface par le schnorkel et des sous-marins nucléaires bruyants, jusqu’à l’entrée en service des Akula soviétiques, très discrets, grâce à leurs hélices à sept pâles fabriquées avec des machines-outils du japonais Toshiba, illégalement exportées à l’URSS.
Entre le continent chinois et la première chaîne d’îles formée par le Japon, Taïwan et les Philippines, l’environnement opérationnel est caractérisé par de mauvaises conditions acoustiques. Dans l’espace entre les première et seconde chaînes d’îles – Guam, Palau – l’environnement opérationnel est au contraire constitué d’eaux profondes. La surveillance sous-marine peut s’exercer avec des senseurs acoustiques ou non acoustiques disposés sur le fond de la mer, des bâtiments de surface et des aéronefs (avions de patrouille maritime, hélicoptères). La constitution d’un réseau de surveillance fusionnant toutes les données collectées permet de disposer comme pour les États-Unis depuis les années 1970, d’une capacité de suivi en temps réel des plates-formes aériennes et navales (bâtiments de surface, sous-marins) des protagonistes (1). Pendant un demi-siècle, Washington a dominé cet environnement. Aujourd’hui, il n’apparaît plus comme le seul acteur à bénéficier de cet avantage.
La longue prééminence des États-Unis et du Japon
Héritière de la marine impériale qui disposait d’un réseau d’hydrophones et de systèmes de détection d’anomalies magnétiques pour la défense côtière et portuaire, les Forces d’autodéfense maritimes du Japon (JMSDF) ont installé un premier système de surveillance côtière dans les années 1950. Il fut complété ensuite par des réseaux d’hydrophones dans les détroits de Tsushima et Tsugaru, et par des câbles de 200 à 1 150 kilomètres de longueur au large des côtes soviétiques, qui opéraient en liaison avec les avions de patrouille maritime (2). À partir de 1957, les États-Unis ont déployé leur réseau SOSUS dans le Pacifique, d’abord sur la côte Ouest des États-Unis puis à Hawaï (Barber’s Point près d’Honolulu), Midway, Adak (dans les Aléoutiennes) et Guam pour suivre la flotte sous-marine soviétique basée à Vladivostok, et dans la péninsule du Kamchatka (3). En 1959, la Chine s’est dotée d’un premier réseau soviétique de senseurs hydroacoustiques sous-marins pour défendre les approches de Shanghai. La mise en service en 1982 de trois câbliers de 750 tonnes (Youzhong) paraissait destinée à entretenir un réseau de surveillance côtière avec des systèmes de détection acoustique ou/et magnétique (4).
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