La vaine recherche d'un « théâtre d'opérations » européen
Présidant une conférence du haut commandement britannique, Winston Churchill assista d’abord sans rien dire aux débats, puis soudain, il prit la parole et déclara en substance : « Si préoccupé que soit le haut commandement par l’élaboration de sa propre pensée stratégique, il arrivera toujours un moment où il lui faudra prendre en considération l’ennemi ».
Il ne semble guère que la pensée militaire du monde occidental soit inspirée par le souci des menaces qui le visent directement ou indirectement. En particulier, si l’évolution des techniques d’armement dicte toujours les lois de la stratégie et de la tactique — et sans doute est-ce plus que jamais le cas — il est vain de concevoir un conflit en Europe qui, par ses objectifs, sa nature, les moyens qui y seraient utilisés ne constituerait que la prolongation de la première et de la seconde guerre mondiale. Depuis soixante ans sur le plan politique, depuis trente ans dans le domaine des armements, de tels bouleversements sont intervenus qu’entre les affrontements armés qui ont déchiré l’Europe et celui qui, un jour, pourrait la crucifier, il existe déjà une totale discontinuité.
C’est en étudiant la pensée des responsables militaires d’en face, en tenant compte des performances des armes nouvelles qu’ils accrochent à leur panoplie, en retenant les leçons qu’enseigne leur comportement récent qu’il convient de concevoir une défense et d’en rassembler les moyens. Évidente, cette manière de faire n’est pas toujours observée. Il est plus facile de regarder derrière soi et d’appliquer à nos lendemains l’analyse d’un passé lointain scruté à loisir.
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