Editorial
Éditorial
L’année 2018 aura été marquée par la fin du Centenaire de la Grande Guerre commémorée en grande pompe avec un final à l’Arc de Triomphe le 11 novembre. Or, à peine quelques jours après, des scènes de guérilla urbaine se sont déroulées au pied du monument, sans aucune considération pour la flamme du Soldat inconnu. Ces images de saccage et de pillage ont choqué car elles soulignaient – au-delà des considérations politiques – l’absence de respect pour un des hauts lieux de notre histoire nationale mais aussi mondiale. Quand le souvenir unit des pays qui autrefois se sont entre-déchirés, le symbole de la paix reconstruite se doit d’être préservé et transmis aux générations futures. C’est bien le rôle du devoir de mémoire – même si le débat est légitime entre Histoire et mémoire – que de contribuer à ce passage de témoin entre les générations.
C’est bien pourquoi, en ce début 2019, la Revue Défense Nationale propose ce dossier qui n’est pas exclusivement historique et apporte plusieurs approches autour de cette thématique, avec une idée transverse, le besoin de donner un sens – en s’appuyant sur l’Histoire – à cette mémoire nationale, y compris dans ses zones grises qu’il importe de connaître pour pouvoir les assumer.
De fait, la Revue, qui va fêter ses quatre-vingts ans ce printemps, participe ainsi à ce devoir de mémoire mais aussi à la préparation des stratégies de défense pour la France. Ainsi, plus de 5 800 auteurs avec environ 23 000 publications réparties entre le mensuel et le site Internet ont contribué à alimenter cette réflexion stratégique, construire le débat et appuyer nos armées dont l’engagement opérationnel, tant en opérations extérieures que sur le territoire national démontre l’excellence, même si les difficultés restent nombreuses notamment en termes de ressources et de Maintien en condition opérationnelle (MCO). L’efficace réaction d’une patrouille de Sentinelle lors de l’attentat islamiste de Strasbourg l’a récemment démontré, de même que l’ensemble des missions conduites tout au long de cette année 2018 qui ont sollicité toutes les forces et les ressources du ministère des Armées, sans oublier la Gendarmerie. Dans un monde multipolaire où les égoïsmes nationaux semblent l’emporter sur le multilatéralisme et la démocratie, renforcer notre outil de défense, dans toutes ses composantes – en y intégrant la BITD et la dimension européenne – est une exigence due à nos concitoyens. Cela impose également un devoir d’explication autour des enjeux stratégiques trop souvent occultés dans le débat national. Contrairement à des slogans trop réducteurs, il ne s’agit pas d’opposer d’un côté le budget des armées et de l’autre les besoins sociaux.
Investir dans notre défense, c’est garantir la sécurité et la paix qui sont indispensables au bon fonctionnement de notre société. Agir au Sahel, frapper contre Daech au Levant, ou patrouiller dans notre Zone économique exclusive (ZEE) pour protéger notre souveraineté, participent ainsi au développement de notre pays et à consolider sa place au sein de l’Union européenne et des institutions internationales. C’est d’ailleurs cette vision qui transcende la politique de défense de la Ve République, tirant les leçons de notre Histoire symbolisée par l’Arc de Triomphe. ♦